La pression monte sur le Portugal pour qu'il fasse appel à une aide financière internationale pour régler ses problèmes budgétaires, malgré les démentis venus de toutes parts, alors que les taux d'emprunt du pays sur les marchés évoluent à des niveaux record.
"Il y a beaucoup de pressions sur le Portugal" pour qu'il fasse appel à l'aide européenne et du Fonds monétaire international, à l'instar de la Grèce et de l'Irlande l'an dernier, a indiqué lundi une source diplomatique européenne à l'AFP.
"Tous les pays européens réclament d'une part du Portugal plus d'économies budgétaires que ce qui est prévu, et de nombreux pays veulent que le pays demande une aide financière extérieure", a ajouté cette source.
Après la Grèce et l'Irlande, le Portugal est considéré comme le prochain pays susceptible de recourir à l'aide extérieure, en dépit de dénégations répétées du gouvernement et de la mise en place d'un sévère programme d'austérité pour ramener le déficit public de 7,3% en 2010 à 4,6% fin 2011.
L'hebdomadaire allemand Der Spiegel a contribué à faire monter la température: il a affirmé, dans son édition de lundi, que les gouvernements allemand et français voulaient contraindre le Portugal à demander à son tour une aide financière dans le cadre du plan de sauvetage européen.
Le gouvernement allemand a démenti et la France a indiqué lundi "ne confirmer en rien" ces informations.
La Commission européenne a affirmé de son côté qu'il n'y avait "pas de discussions" sur une possible aide financière en faveur du Portugal. "Elles ne sont même pas envisagées à ce stade", a indiqué un porte-parole.
"Le Portugal fait ce qu'il faut et continuera ainsi", a réaffirmé quant à lui samedi le Premier ministre portugais, José Socrates.
"Le Portugal n'aura besoin d'aucune aide extérieure", a également jugé la ministre espagnole de l'Economie Elena Salgado.
L'Espagne, lourdement exposée aux difficultés portugaises, est peu favorable à aider Lisbonne, car elle se retrouverait ensuite en première ligne à son tour face aux marchés financiers si le Portugal cède.
"Tous les Etats européens ne sont pas sur la même ligne" sur ce dossier, a confirmé la source diplomatique.
Le sujet pourrait être évoqué lundi après-midi ou mardi matin à Bruxelles lors d'un réunion du Comité économique et financier, un forum composé de directeurs du Trésor des pays de l'UE, chargé de préparer les prochaines rencontres des ministres européens des Finances, les 17 et 18 janvier.
"Je pense que tout le monde se prépare à une demande d'aide" du Portugal à plus ou moins long terme, en fonction de la situation sur les marchés, a jugé la source diplomatique.
La situation du Portugal sur les marchés obligataires n'est pas bonne.
Le pays, qui a commencé depuis le début de l'année à retourner sur les marchés pour emprunter et financer son déficit budgétaire, est l'objet d'une défiance grandissante avec des taux d'emprunts historiquement élevés et difficilement soutenables sur le long terme.
Lundi, vers 15H45 (14H45 GMT), les taux d'emprunt portugais à 10 ans restaient élevés, à 6,949%, contre 7,104% vendredi à la clôture et après avoir atteint un record en séance vendredi vers 17H00 GMT à 7,193%.
Le Portugal doit faire face à deux émissions obligataires décisives cette semaine, qui retiendront toute l'attention des analystes. Il a prévu d'émettre mercredi deux lignes d'obligations, à 3 et 9 ans, pour un montant compris entre 750 millions et 1,25 milliard d'euros.