L'économiste en chef du Fonds monétaire international Olivier Blanchard a affirmé jeudi que d'autres pays européens que la Grèce ou l'Irlande auraient intérêt à se faire aider par le FMI et l'Union européenne, dans leur combat contre la montée de la dette publique.
M. Blanchard n'a cité aucun pays en particulier.
"Les Etats peuvent-ils parvenir à des finances publiques viables? Ils le peuvent", a estimé M. Blanchard, interrogé sur les problèmes budgétaires des pays européens par le magazine interne du FMI.
"Peuvent-ils le faire seuls? Je comprends tout à fait la réticence des pays à demander un programme commun de l'Union européenne et du FMI. Mais de tels programmes peuvent aider", a-t-il ajouté.
Pour M. Blanchard, une aide financière du Fonds et de l'UE contribue à l'objectif de réduire la dette à moyen terme "de deux manières".
"Premièrement, en fixant un plafond au taux d'intérêt auquel les Etats peuvent emprunter, les programmes éliminent le risque (...) que les investisseurs, qu'ils aient tort ou raison, demandent des taux d'intérêt élevés, rendant impossible le remboursement pour les pays, et permettant aux peurs des investisseurs de se matérialiser par elles-mêmes", a-t-il expliqué.
"Deuxièmement, même si les programmes ne demandent pas d'en faire plus que ce que le pays comptait faire de son côté, ils renforcent la crédibilité de ces engagements, et rassurent les marchés à propos du moyen terme", a-t-il ajouté.
L'année 2010 a été marquée par l'adoption de plans d'aide communs de l'UE et du FMI pour deux pays de la zone euro, la Grèce en mai, qui doit toucher 110 milliards d'euros sur trois ans, et l'Irlande en novembre, qui doit recevoir 85 milliards sur trois ans.
Le Portugal, souvent cité parmi les Etats les plus en difficulté, a affirmé jeudi qu'il allait pouvoir se passer d'une telle aide. "Le gouvernement a toute confiance en l'entité responsable de la gestion du crédit public au Portugal, qui a présenté son plan, mais surtout a confiance en la capacité de l'économie portugaise à affronter l'actuelle situation", a déclaré le ministre de la présidence portugaise Pedro Silva Pereira.
M. Blanchard a estimé improbable qu'à court terme, la croissance permette à elle seule de régler les problèmes budgétaires des pays développés.
"La reprise à deux vitesses, lente dans les pays développées et rapide dans les pays émergents, est frappante et ses caractéristiques sont de plus en plus saisissantes. Elles domineront probablement l'année 2011 et au-delà", a-t-il jugé.
Dans "beaucoup" de pays développés, "les marchés ne sont toujours pas certains de la véritable santé des banques", d'après M. Blanchard.
"Ajoutez à cela la nécessité de corriger les excès passés, que ce soit une épargne trop faible ou un trop fort investissement immobilier et le résultat est une reprise lente, à peine assez forte pour faire baisser le chômage. C'est douloureux mais pas étonnant", a-t-il prévenu.
"Il ne fait aucun doute qu'un certain nombre de pays en Europe sont confrontés à un long et difficile ajustement macroéconomique. Dans la plupart des cas, il aurait fallu qu'ils le fassent, que la crise mondiale ait lieu ou non. Cette crise ne fait que rendre les choses plus compliquées", a indiqué l'économiste.
Le FMI doit publier le 26 janvier des prévisions économiques actualisées.