Pour sa dernière comparution publique avant la fin 2010, le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a tenté jeudi de rassurer à la fois la population, en annonçant des mesures sociales, et les marchés, en réaffirmant sa volonté de mener les réformes promises.
Alors qu'il y six mois, le dirigeant semblait oublier ses racines socialistes en annonçant un vaste plan d'austérité, incluant le gel de certaines pensions de retraites et la fin d'une prime à la naissance, il a cette fois eu un rôle plus facile, en dévoilant de bonnes nouvelles.
Ainsi "toutes les pensions (de retraite) auront une augmentation en 2011 de 1,3%", un rattrapage pour compenser l'inflation de 2010, a-t-il dit lors de la conférence de presse à l'issue du Conseil des ministres.
Les pensions minimales auront elles une hausse de 2,3%, a-t-il ajouté.
Quant au salaire minimum, "le gouvernement a décidé de l'augmenter de 1,3%", a-t-il indiqué. Il passera donc de 633,30 euros à 641,40 euros.
"Malgré la crise économique, nous continuons à faire un effort spécial de solidarité", a-t-il assuré.
Le pays affiche toujours le taux de chômage le plus élevé en Union européenne, autour de 20%.
Au début de son second mandat en 2008, M. Zapatero avait promis que le salaire minimum du pays, l'un des plus faibles en zone euro, atteindrait 800 euros en 2012.
Mais la crise a fait plonger l'Espagne dans plus de douze mois de récession, dont elle n'est sortie qu'en début d'année.
Le gouvernement socialiste a donc dû adopter de nombreuses mesures d'austérité, dans le but de de réduire les déficits publics et surtout de rassurer les marchés, inquiets de la solidité financière du pays.
L'inquiétude est à nouveau montée d'un cran ces dernières semaines, dans le sillage du plan de sauvetage irlandais, faisant chuter la Bourse espagnole et renchérissant les émissions obligataires.
Le discours de M. Zapatero jeudi a semblé s'adresser aussi à ces investisseurs sceptiques, car il a insisté sur sa volonté de faire adopter au plus vite la réforme des retraites, justement réclamée par les marchés et des institutions comme le Fonds monétaire international (FMI).
Cette réforme "fixera l'âge légal (du départ) à 67 ans" au lieu de 65, mais "avec flexibilité" et de manière progressive jusqu'à 2027, a-t-il déclaré, annonçant aussi pour les prochains mois une réforme de la négociation collective, pour fluidifier encore le marché du travail.
"Nous devons prendre des mesures" face à "notre évolution démographique", a-t-il assuré, rappelant que dans les prochaines années "les générations les plus nombreuses de l'histoire de l'Espagne partiront en retraite".
La réforme doit être approuvée en Conseil des ministres le 28 janvier.
Le chef de l'exécutif a également voulu rassurer sur le retour à la croissance de l'économie espagnole.
Certes "2010 a été une année difficile", mais elle a aussi été l'année où le pays est "passé de la récession à la reprise".
Après trois trimestres dans le vert, "le quatrième trimestre aussi connaîtra une croissance positive", a assuré M. Zapatero, même si "nous savons que c'est une croissance lente, faible".
Au premier trimestre, le PIB espagnol a crû de 0,1%, puis de 0,3% au deuxième, avant de stagner au troisième.
Sur l'année, le gouvernement table sur une décroissance de 0,3%.
Enième message pour rassurer: "les objectifs de réduction du déficit seront remplis en 2010 et 2011", a promis le dirigeant. Le gouvernement veut parvenir à un déficit public de 9,3% en 2010 (après 11,1% en 2009), puis 6% en 2011 et 3% en 2013.