Avec un déficit public désespérément élevé, une inflation qui dérape, un chômage en hausse et une croissance de moins en moins vaillante, les signaux économiques virent au rouge au Royaume-Uni à l'orée d'une année que le gouvernement annonce lui-même comme "difficile".
Une rafale d'indicateurs publiés avant la pause de Noël a fait l'effet d'une douche froide sur les économistes dont le pessimisme pour 2011 semble grandir à vue d'oeil, même s'ils écartent le spectre d'un retour dans la récession.
Le Premier ministre conservateur David Cameron a pris acte de la morosité ambiante en prévenant mardi que le pays avait devant lui "des mois difficiles", confronté à l'impact de coupes budgétaires sans précédent et un ENVIRONNEMENT économique plus qu'incertain chez ses voisins européens.
La vigueur de la croissance britannique a été ces derniers mois son principal motif de satisfaction. Mais celle-ci a été revue en légère baisse mercredi pour le troisième trimestre, passant de 0,8 à 0,7%. Un revers certes limité, mais de portée symbolique importante aux yeux des analystes.
"C'est une information vraiment décevante, qui montre que la croissance n'est pas aussi robuste que l'on croyait", a commenté Mark Bolsom, du cabinet Travelex Global Business.
Pour les experts de Capital Economics, il y a désormais "des raisons de s'inquiéter du caractère durable de la reprise", alors que le plan d'austérité -plus de 90 milliards d'euros d'économies en quatre ans- ne fait pas encore pleinement sentir ses effets.
Le gouvernement a reçu cette semaine une autre mauvaise nouvelle sur un sujet dont il a fait une priorité absolue pour mieux se démarquer de la politique "irresponsable" des travaillistes au pouvoir jusqu'en mai: le déficit public.
Contre toute attente, celui-ci a atteint un niveau record en novembre, entraînant un bond de 10% du montant des emprunts publics malgré tous les efforts annoncés pour combler le trou des comptes de l'Etat.
L'économiste Howard Archer a qualifié ce chiffre d'"horrible" en estimant, comme l'ensemble de ses confrères, que toute la politique gouvernementale était désormais suspendue à l'évolution de la croissance.
Or celle-ci vient d'être revue officiellement à la baisse pour 2011, à 2,1% contre 2,3%, un chiffre jugé encore bien trop optimiste par les experts.
Le gouvernement avait un temps espéré trouver un certain réconfort auprès de la Banque d'Angleterre (BoE), lui adressant des appels du pied pour qu'elle injecte des milliards de livres dans le circuit économique afin de relancer la machine comme elle l'avait fait en 2009.
Mais les derniers chiffres de l'inflation ont rendu cette OPTION caduque pour plusieurs mois. Les prix ont sérieusement dérapé en novembre, à +3,3% sur un an, bien au delà de l'objectif de 2% fixé à la BoE qui ne se peut permettre dans ces conditions de faire fonctionner la planche à billets.
Les nuages s'accumulant, le taux de chômage vient d'enregistrer une remontée surprise pour s'établir à 7,9% de la population active.
Hors de la zone euro, la Grande-Bretagne pourrait au moins se féliciter d'échapper à la tourmente financière qui balaye certains de ses voisins. Même pas: les banques du pays sont exposées en Irlande à hauteur de plus de 100 milliards d'euros, obligeant Londres à surmonter ses réticences initiales pour participer au plan d'aide de la communauté internationale.
Face à la montée des incertitudes, le très libéral Financial Times estimait récemment que le gouvernement avait "sérieusement besoin d'un plan B" remettant en cause ses choix actuels, notamment en matière d'austérité, si la situation continuait à se dégrader.