Le ministre de l'Industrie français Eric Besson a souligné mardi auprès de l'AFP qu'il n'avait "pas exclu" l'entrée d'investisseurs au capital du fabricant de terminaux de paiements Ingenico, mais qu'il devait "se préoccuper du maintien en France de technologies sensibles".
"Je n'ai pas exclu la possibilité d'une entrée d'investisseurs au capital d'Ingenico", a déclaré M. Besson, interrogé par l'AFP. Mais "le sujet du cryptage, du traitement du signal est un sujet important, sensible pour toute nation", a souligné le ministre.
"Mon rôle est de me préoccuper en la circonstance du maintien en France de technologies sensibles, de l'emploi et de la recherche et développement", a-t-il dit. "Il est normal que le ministre de l'Industrie s'intéresse à ces questions de base", a-t-il ajouté en précisant qu'il avait "posé un certain nombre de questions aux dirigeants de Safran", le premier actionnaire d'Ingenico, partiellement contrôlé par l'Etat.
Ingenico a rejeté dimanche une offre de rachat d'un groupe anonyme, présenté par la presse comme l'américain Danaher.
L'offre de rachat valorisait Ingenico à 1,4 milliard d'euros.
M. Besson a souligné qu'il n'avait "jamais dit qu'il ne fallait pas qu'Ingenico s'ouvre à des investisseurs". "Donc, il n'y a pas lieu de parler de protectionnisme", a-t-il assuré.
Lundi, le ministre de l'Industrie avait déclaré sur LCI que l'Etat avait "pleinement conscience du caractère stratégique" d'Ingenico "pour la filière électronique française", une déclaration interprétée comme une manifestation de patriotisme économique.
"Sur le fond, on peut être à la fois ouvert à l'économie de marché et à l'entrée de capitaux étrangers dans des entreprises françaises, mais vigilant lorsqu'il s'agit de technologies sensibles, et s'intéresser de près à la recherche et développement", a-t-il commenté mardi. "Il n'y a pas d'incompatibilité".
M. Besson a ajouté que sa "mission, c'est celle-là" et "pas de commenter le cours de Bourse", tout en relevant que ce cours avait "augmenté très fortement depuis le début de l'année".
Colette Neuville, la présidente de l'Association de défense des actionnaires minoritaires, a fait part de son intention de demander à l'Autorité des marchés financiers d'ouvrir une enquête sur la variation du cours de Bourse d'Ingenico, qui a bondi de 25% en trois mois.