Une lente reprise s'est amorcée en Espagne, mais la croissance devrait rester "molle" et le gouvernement, qui a déjà annoncé des mesures anticrise, doit être prêt à aller plus loin, en envisageant par exemple des hausses d'impôts, a affirmé lundi l'OCDE.
"Le chômage devrait rester élevé", estime l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), rappelant que l'Espagne a accusé la plus forte hausse du chômage de tous les pays de l'OCDE pendant la crise.
Dans ses dernières prévisions, l'organisation, qui réunit les pays riches, tablait sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) espagnol de 0,9% l'an prochain, après un recul de 0,2% cette année et sur un taux de chômage à 19,1% après 19,8% en 2010.
"La croissance semble devoir rester peu soutenue étant donné que l'économie doit encore corriger une partie des déséquilibres apparus dans le secteur privé avant la crise", estime l'OCDE dans une étude publiée lundi.
L'Espagne a récemment annoncé de nouvelles mesures anticrise, devant la pression des marchés qui craignaient une contagion de la crise irlandaise et réclamaient des gestes forts pour améliorer les finances du pays.
Ces mesures devraient permettre de ramener le déficit public du pays de 11,1% du PIB en 2009 à 6% en 2011, estime l'OCDE.
"Les investisseurs considèrent encore que les risques entourant les emprunts des banques et la dette publique sont beaucoup plus élevés qu?avant la crise", juge toutefois l'OCDE.
"L'économie pourrait subir un choc négatif lié à la demande intérieure, aux mesures de consolidation budgétaire et à l'ajustement du secteur immobilier", a souligné Andres Fuentes, économiste à l'OCDE, lors d'une conférence de presse. D'où l'intérêt de prendre des mesures visant à "renforcer la compétitivité" du pays, a-t-il indiqué.
"L'Espagne a annoncé un bon plan, mais le pays ne doit pas hésiter à prendre d'autres mesures, comme des hausses d'impôts", a renchéri Pierre Beynet, chef de division.
"L'application du taux maximum de la TVA à un plus grand nombre de biens et services serait un moyen d'accroître les recettes", propose ainsi l'OCDE.
"Une nouvelle réforme du système fiscal devra être envisagée en vue de mettre davantage l?accent sur les impôts qui favorisent la croissance", jugent aussi les auteurs de l'étude.
L'organisation a salué le projet du gouvernement de repousser l'âge du départ à la retraite de 65 à 67 ans, tout en jugeant utile de le compléter par d'"autres mesures de maîtrise des dépenses".
De même, "le marché du logement se traduit toujours par une offre largement excédentaire", note-t-elle.
L'OCDE plaide aussi pour une réforme du marché du travail visant à pallier ses faiblesses "structurelles". Elle juge notamment indispensable de "réduire le chômage massif parmi les jeunes".
Quant aux banques espagnoles, "elles ont été fortement exposées au marché immobilier intérieur", a souligné Andres Fuentes. Mais "les prêts hypothécaires contractés par les ménages sont très bien remboursés", a-t-il noté.
"Les prêts consentis aux promoteurs ont engendré des pertes plus importantes", a-t-il relevé. Mais pour l'économiste, les banques espagnoles ont constitué des provisions suffisantes et ont un niveau de capitalisation tel qu'elles n'auront pas besoin d'une recapitalisation massive, comme cela a été le cas en Irlande, pour amortir leurs pertes.