La conclusion du conflit entre Liliane Bettencourt et sa fille s'accompagne de la montée en puissance du gendre de l'héritière de L'Oréal et de ses petits-fils au sein de la holding contrôlant les parts familiales du groupe, laissant augurer un futur passage de témoins entre les générations.
Dans la partie de poker opposant depuis plusieurs mois les deux "clans", et même si les conséquences à plus long terme de l'accord conclu entre Liliane Bettencourt et sa fille restent difficiles à évaluer, un vainqueur semble se dégager lundi : Jean-Pierre Meyers, le gendre.
Il y a quelques semaines à peine, des informations de presse évoquaient le désir de Liliane Bettencourt de l'écarter du conseil d'administration du groupe à l'issue de son mandat. Il va finalement remplacer l'ex-gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt, Patrice de Maistre, comme directeur général de Téthys, la holding familiale contrôlant les parts des Bettencourt dans L'Oréal.
La holding familiale Téthys possède, en pleine propriété ou en usufruit, l'ensemble des parts familiales dans le groupe L'Oréal, soit environ 31% de son capital.
Cette "promotion" peut apparaître d'autant plus surprenante que Liliane Bettencourt a toujours accusé sa fille et son gendre de vouloir l'écarter pour revendre les parts familiales du géant des cosmétiques à son deuxième actionnaire, le géant suisse Nestlé (29,8% du capital), ce qu'ils ont toujours nié.
Elle s'accompagne également de la montée en grade des petits-enfants de Liliane Bettencourt qui entrent au conseil de surveillance de Téthys.
"Liliane Bettencourt garde le contrôle de Téthys", a déclaré lundi Me Didier Martin, conseil de Françoise Meyers-Bettencourt. "L'idée est que Liliane Bettencourt monte sur son Aventin et que la gestion soit assurée par Jean-Pierre Meyers et sa famille", a-t-il expliqué.
"Les deux petits-enfants entrent au conseil de surveillance. Liliane reste à la présidence. Jean-Pierre Meyers est le nouveau directeur général", a-t-il précisé.
Si les conséquences à long terme de ce changement restent difficiles à évaluer, il pourrait augurer d'un futur passage de témoins entre les générations de la famille Bettencourt.
A l'heure actuelle, Liliane Bettencourt, sa fille et son gendre siègent au conseil d'administration de L'Oréal, où, assurait récemment le président du groupe Lindsay Owen-Jones, ils ont toujours "voté en bloc", même au coeur du conflit les opposant.
Pour le groupe, la fin du conflit, est "un heureux dénouement", s'est félicité auprès de ses salariés son directeur général Jean-Paul Agon.
Si le groupe n'a jamais à proprement parler pâti de l'affaire - ses résultats et son cours de Bourse n'ont en tout cas rien ressenti -, cette dernière a toutefois suscité de nombreuses interrogations sur l'évolution de son actionnariat. Avec un corollaire : la crainte de voir ce fleuron industriel français passer sous pavillon suisse.
En théorie pourtant, un pacte d'actionnaires liant les Bettencourt à Nestlé interdit au groupe suisse de monter au capital jusqu'à six mois après le décès de Liliane Bettencourt. L'affaire n'y a théoriquement rien changé, sa conclusion non plus.
Du reste, l'essentiel est là, aux yeux de M. Agon : "Ce dénouement heureux est également très positif pour notre groupe et ses collaborateurs, d'autant plus que la famille s'est exprimée de manière forte et unie sur son attachement à l'entreprise", a-t-il souligné en direction de ses salariés.