Le gouvernement espagnol a dévoilé vendredi de nouvelles mesures anti-crise et fixé le calendrier de sa réforme des retraites, des annonces destinées à rassurer les marchés après les tensions des dernières semaines, mais qui devraient aggraver son divorce avec les syndicats.
Le discours de l'exécutif socialiste a quelque peu évolué au fil des jours: le 20 novembre, la ministre de l'Economie Elena Salgado martelait que l'Espagne n'avait "nullement besoin de mesures supplémentaires" d'austérité.
"S'il est nécessaire d'accélérer les réformes, nous le ferons", admettait cependant une semaine plus tard le chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero.
Ce dernier a finalement cédé à la pression des marchés, qui réclamaient des gestes forts pour améliorer les finances du pays et relancer une croissance atone. Les nouvelles mesures ont été adoptées vendredi en Conseil des ministres.
Mme Salgado a annoncé la privatisation de jusqu'à 49% d'Aena, l'organisme de gestion des 47 principaux aéroports espagnols, et jusqu'à 30% de la société publique de loterie.
Selon elle, ces mesures permettront de réduire d'un tiers les besoins de financement de l'Espagne pour 2011, de 45 à 30-31 milliards d'euros.
Autre mesure destinée à apporter des recettes supplémentaires: la hausse des prix du tabac le 1er janvier, pour apporter "780 millions d'euros" de revenus additionnels à consommation constante, calcule Mme Salgado.
Pour stimuler la relance, l'exécutif va baisser les impôts pour les petites et moyennes entreprises grâce à des critères plus souples d'attribution du taux d'imposition réduit, une mesure qui bénéficiera à 40.000 pme et coûtera à l'Etat 230 millions.
La rigueur reste au programme, avec le non-renouvellement à partir de février de l'allocation de 426 euros pour les chômeurs de longue durée. L'Espagne est le pays de la zone euro le plus durement frappé par le chômage, avec presque 20% de la population active.
En plus de ce nouvel arsenal anti-crise, Madrid fait un pas en avant sur un chantier cher notamment au Fonds monétaire international (FMI): la réforme des retraites, qu'il évoque depuis plus d'un an. Il prévoit de repousser l'âge du départ de 65 à 67 ans.
"Nous avons décidé que le gouvernement approuvera (en Conseil des ministres, ndlr) la réforme du système de retraites le 28 janvier", qui sera transmise "immédiatement" au Parlement, a déclaré le numéro deux du gouvernement, Alfredo Perez Rubalcaba.
Ces annonces surviennent après plusieurs jours de turbulences sur les marchés boursiers et obligataires pour les valeurs espagnoles, signe de défiance vis-à-vis de la solidité financière.
Elles pourraient rassurer les investisseurs, qui réclamaient de nouvelles mesures et plaidaient pour l'accélération des réformes.
A la Bourse, après les fortes hausses de mardi, mercredi et jeudi, l'indice Ibex-35 était quasi-stable (+0,12%) vendredi à 15H44 (14H44 GMT).
Mais avec ces nouvelles mesures, le gouvernement pourrait encore accentuer la rupture avec les syndicats. Le climat de bonne entente, lors du premier mandat de Zapatero, n'est plus qu'un lointain souvenir.
Déjà échaudés par la réforme du marché du travail approuvée cet été, qui introduit plus de flexibilité, ils ont montré leur opposition frontale au fait de repousser l'âge légal de la retraite.
Après avoir organisé le 29 septembre la première grève générale depuis 2002, au succès mitigé, ils prévoient de manifester les 15 et 18 décembre.
Les pilotes de ligne ainsi que le personnel des aéroports ont quant à eux annoncé jeudi des mouvements de grève qui devraient perturber le transport aérien à la fin de l'année.