De nouvelles mesures anti-crise, une émission obligataire réussie, l'espoir d'annonces favorables par la Banque centrale européenne (BCE): un climat de confiance a fait vivre jeudi à la Bourse de Madrid son deuxième jour de forte hausse, après une semaine de turbulences.
La première bonne nouvelle de la journée est venue du Trésor espagnol, qui a réussi un nouveau test obligataire, émettant 2,468 milliards d'euros de bons à trois ans.
Il a certes dû accorder un taux plus élevé que lors de la dernière émission similaire: 3,717%, alors que le 7 octobre, il était de 2,527%. C'est le signe de la tension accumulée ces dernières semaines, les marchés s'inquiétant de la solidité financière du pays et de sa capacité à se redresser, dans le sillage du sauvetage irlandais.
Mais cette pression semble se relâcher, car le taux de cette nouvelle émission est inférieur à celui de la clôture mercredi sur les bons espagnols à trois ans, 3,970%.
L'annonce a fait bondir la Bourse de Madrid: quelques minutes après, à 10H53 (09H53 GMT), l'Ibex-35, son indice phare, passait la barre des 3%. Une bonne nouvelle après une semaine de fortes baisses.
La demande pour les bons du Trésor espagnol a été forte, de 5,599 milliards d'euros. Madrid souhaitait émettre entre 1,75 et 2,75 milliards.
Cette émission "envoie un message rassurant aux investisseurs après la récente spéculation sur une contagion à l'Espagne de la crise de la dette souveraine", a estimé l'analyste d'UniCredit Chiara Cremonesi, interrogée par DowJones Newswires.
C'est "une émission très solide", a renchéri un courtier londonien sous couvert d'anonymat.
La Bourse espagnole avait déjà ouvert en hausse, comme ses homologues européennes, le marché fondant beaucoup d'espoirs sur la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE.
Son président Jean-Claude Trichet a finalement annoncé que la BCE allait prolonger son dispositif de refinancement à taux fixe et illimité sur trois mois en faveur des banques de la zone jusqu'à fin mars 2011.
Il a toutefois déçu les marchés en n'annonçant pas de hausse de son programme d'achats hebdomadaires d'obligations publiques, qui aurait pu rassurer et contribuer à faire retomber les taux obligataires de certains pays de la zone euro qui atteignent des records.
Peu après, l'Ibex-35 est passé dans le rouge, perdant jusqu'à 1,34% avant de se reprendre. Il a terminé la journée en hausse de 2,78%.
Le marché madrilène profitait aussi de l'annonce la veille par le chef du gouvernement de nouvelles mesures anti-crise, qui avaient fait bondir mercredi l'Ibex-35 de 4,44%, deuxième plus forte hausse de l'année.
José Luis Rodriguez Zapatero a surpris en annonçant un "paquet de mesures", dont la suppression des allocations exceptionnelles pour les chômeurs en fin de droit, une baisse des impôts pour les petites et moyennes entreprises (PME) et une série de privatisations partielles, d'aéroports et de la loterie.
Ces privatisations permettront à l'Espagne de réduire d'un tiers ses besoins de financement pour 2011, a déclaré jeudi la ministre de l'Economie Elena Salgado au Financial Times.
Alors que le pays évaluait ses besoins à 45 milliards d'euros pour 2011, ceux-ci seront finalement de 30 à 31 milliards.
Le répit sur les marchés a permis à Mme Salgado de rappeler que l'Espagne n'est pas le seul pays source d'inquiétude: "au cours des derniers jours, les attaques des marchés ont affecté 40% de la zone euro, en termes de PIB. Quand il y a un problème qui affecte 40% du PIB de la zone euro, nous sommes face à un problème systémique, pas un problème d'un pays ou d'un autre".
Pour la ministre, il s'agit en fait d'"un problème de gouvernement: une monnaie commune sans une politique économique commune".