
Les marchés financiers ont repris des couleurs mercredi, rassurés par les propos de responsables politiques de la zone euro, après la débâcle des derniers jours liée à des risques de contagion de la crise irlandaise.
Mais les intervenants sur les marchés notaient que la situation dans son ensemble restait très fragile, à la merci de la moindre mauvaise nouvelle.
Un regain de confiance était notable mercredi sur les marchés boursiers et obligataires mais aussi sur l'euro qui arrivait à se stabiliser au-dessus de 1,30 dollar contre 1,2985 mardi soir.
Principales gagnantes, les valeurs bancaires. Elles avaient été les plus sanctionnées ces derniers jours par des craintes d'un effet domino de la crise irlandaise sur d'autres pays fragiles de la zone euro.
"On est allé trop loin ces derniers jours sur des spéculations, des propos souvent sans grand fondement, le marché se réajuste maintenant", a expliqué Patrick Jacq, stratégiste obligataire de BNP Paribas.
Sur le marché obligataire, où se traite la dette des Etats et indicateur de la confiance des investisseurs, le retour au calme était également significatif.
Les pays comme l'Italie l'Espagne ou le Portugal, les plus visés par une possible contagion de la crise irlandaise en raison de leurs importants déficits publics, enregistraient une baisse sur leurs taux longs (à dix ans). En clair, le marché a réduit la prime de risque sur les emprunts à ces pays.

Même tendance positive pour les Bourses, à l'instar du marché de Madrid qui en particulier s'est nettement repris avec une hausse dépassant les 4% en clôture.
L'Espagne, du fait de son important poids dans l'économie européenne, a été la principale source d'inquiétude des investisseurs. L'illustration de cette défiance se retrouvait sur les taux des emprunts d'Etat espagnols qui avaient atteint des records. Mercredi en fin d'après-midi, ils se repliaient à 5,23% contre 5,5% mardi.
Pour les autres Bourses européennes, la tendance était également à la hausse. Paris a terminé en hausse de 1,63%, Londres de 2,07% et Francfort de 2,66%.
"Des chasses aux bonnes affaires sont également à l'origine de la remontée des indices boursiers, mais la nervosité reste très forte", a indiqué Yves Marçais vendeur d'actions pour Global Equities.
Le regain sur les valeurs bancaires est à attribuer également, selon M. Jacq, au président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet. Il s'est appliqué à rassurer les marchés mardi soir, notamment sur les mécanismes européens qui seront adoptés après 2013 quand l'actuel fonds européen de stabilité arrivera à échéance.
Les marchés avaient pris peur en apprenant dimanche, lors de l'annonce du plan d'aide à l'Irlande, que les pays en difficultés financières pourraient éventuellement décider d'une restructuration de leur dette, c'est-à-dire d'étaler dans le temps leurs remboursements, voire de les réduire.
En levant ce tabou sur la restructuration, le plan a effrayé les marchés, hantés par le souvenir de pays s'étant mis en défaut de paiement, comme le Mexique ou l'Argentine, indiquait-on dans les salles de marché.
Censés les rassurer et surtout éviter un risque de contagion à d'autres pays de la zone euro, le plan a cependant provoqué l'effet quasi inverse sur trois séances.
Depuis, les responsables politiques s'attachent à apaiser les craintes. Mercredi la ministre française de l'Economie Christine Lagarde a affirmé que que le futur mécanisme permanent d'aide aux pays en difficulté ne constituait "pas une menace".
Les Européens sont "déterminés" à "défendre" leur monnaie et la zone euro, a-t-elle ajouté.