La banque irlandaise Allied Irish Banks (AIB) a annoncé vendredi avoir enregistré une baisse de 13 milliards d'euros des dépôts de clients depuis le début de l'année, en raison de la tourmente financière touchant l'Irlande.
Dans un rapport d'activité, la banque a reconnu être de plus en plus dépendante des fonds de la banque centrale irlandaise pour assurer son fonctionnement.
"Les comptes de clients ont été affectés par le sentiment négatif qui prévaut au plan international sur la dette souveraine irlandaise et son secteur bancaire, et leur montant est en baisse de 13 milliards d'euros depuis le début de l'année 2010", indique la banque dans ce rapport.
AIB a souligné "l'importance" pour son avenir des discussions actuellement en cours à Dublin avec des représentants de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) sur une aide qui devrait être centrée sur le secteur bancaire.
Ce rapport d'activité a souligné "la pression" qui pèse sur les banques irlandaises pour parvenir à se financer, a assuré le cabinet irlandais Davy Research. Il a toutefois estimé que les baisses de dépôts de l'AIB n'étaient pas une grosse surprise, un mouvement similaire ayant été constaté dans d'autres banques du pays, comme la Bank of Ireland (BoI).
Le naufrage des banques irlandaises et leur sauvetage par l'Etat est en grande partie à l'origine du déficit public colossal de 32% du PIB attendu cette année.
Une autre banque irlandaise, l'Anglo Irish, a dû être nationalisée dans l'urgence en 2009. Son sauvetage par l'Etat a été évalué à lui seul à plus de 30 milliards d'euros.
AIB a revu vendredi à la hausse l'augmentation de capital dont elle a encore besoin, de 5,4 milliards à 6,6 milliards d'euros, en raison de sa décision d'arrêter le processus de vente de certaines de ses activités au Royaume-Uni faute d'offres satisfaisantes.
Au total, la banque devait lever 10,4 milliards d'euros d'ici la fin de l'année pour renforcer ses fonds propres.
A la recherche d'argent frais, le groupe a déjà annoncé en septembre qu'il allait céder pour 3,1 milliards d'euros le contrôle de la troisième banque polonaise, Bank Zachodni, à sa rivale espagnole Santander. Il a aussi mis en vente pour environ 2 milliards de dollars des parts qu'elle détenait dans la banque américaine régionale M&T.
Mais ces cessions doivent être complétées par une augmentation de capital, à laquelle l'Etat irlandais s'est engagé à souscrire, ce qui devrait faire de lui l'actionnaire majoritaire de l'établissement qu'il détient déjà à hauteur d'environ 25%.
AIB avait enregistré de très lourdes pertes en raison de prêts immobiliers toxiques accumulés avant la crise du crédit.
Le nouveau président d'AIB, David Hodgkinson, avait présenté début novembre ses excuses aux actionnaires du groupe, qui ont vu la valeur de leurs titres s'effondrer de plus de 60% en un an.