Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) est venu défendre vendredi à Francfort la politique monétaire de son institution tandis que le directeur du Fonds monétaire international (FMI) appelait l'Union européenne à un sursaut de solidarité.
En décidant début novembre d'injecter 600 milliards de dollars supplémentaires dans le circuit bancaire, la Fed s'est attirée des critiques notamment des Européens et de la Chine, mais aussi aux Etats-Unis même, où certains dénoncent un risque d'affaiblissement du dollar et de poussées inflationnistes.
Vendredi son patron, Ben Bernanke, a une nouvelle fois fait valoir devant un parterre de banquiers centraux réunis par la banque centrale européenne (BCE) que son objectif était de "soutenir la reprise économique, promouvoir une croissance plus rapide de l'emploi, et réduire les risques" de déflation.
"L'engagement (de la Fed) à assurer la stabilité des prix demeure inébranlable", a poursuivi M. Bernanke pour sa première visite en Europe depuis cette décision, mettant à nouveau en cause la sous-évaluation de la monnaie de certains pays émergents comme la Chine dans les problèmes actuels.
Son alter ego européen, le président de la BCE Jean-Claude Trichet, s'est félicité d'une "unité de vue importante" avec la Fed, lui qui répète à l'envi le credo de son institution, à savoir la stabilité des prix à moyen terme.
Mais il a eu à coeur de rappeler le caractère temporaire des mesures anti-crise de son institution, mettant en garde contre un risque de dépendance.
La BCE "doit se garder contre le risque de voir les mesures nécessaires en période de crise provoquer une accoutumance lorsque les conditions se normalisent", a-t-il dit.
Un message à l'adresse de son homologue américain mais aussi de l'Irlande, que les analystes soupçonnent de compter un peu trop sur les liquidités dispensées jusqu'ici généreusement par la BCE pour alimenter indéfiniment ses banques en difficulté.
Le pays, pressé depuis plus d'une semaine par Bruxelles, le FMI et la BCE pour accepter un plan d'aide européen pour surmonter une grave crise budgétaire, tarde à le faire et pourrait encore prendre son temps, au mécontentement croissant de ses partenaires.
Face à une crise qui dure et menace la stabilité de la zone euro, M. Trichet avait exprimé jeudi sa "profonde inquiétude" quant à la manière dont la zone euro gère ses problèmes économiques et budgétaires, appelant à un "changement conséquent" du mode de gouvernance.
Le directeur FMI, Dominique Strauss-Kahn, également invité, a relayé le message vendredi, appelant les pays de la zone euro à "travailler ensemble".
Devant un congrès bancaire qui se tenait dans la capitale financière allemande au même moment, M. Strauss-Kahn s'est fait plus précis et insistant. Il a appelé l'Union européenne à adopter une "stratégie de croissance commune" si elle veut "rompre les chaînes de sa faible croissance".
"La coopération avance trop lentement" dans l'Union européenne, a-t-il jugé, en prenant pour exemple la "lenteur de la guérison du secteur financier".
"Une vision européenne commune manque aussi en matière de politique budgétaire, d'équilibres internes et de marché du travail", a-t-il déclaré.
L'Union européenne devrait parler d'"une seule voix", mais "cela n'arrivera pas de sitôt", a estimé M. Strauss-Kahn, et c'est pourquoi "il faut d'abord atteindre plus de convergence" des économies nationales.