L'ocde a confirmé jeudi le ralentissement prévu l'an prochain de la reprise des pays riches, repoussant à 2012 le vrai rebond, et a appelé à une coordination renforcée pour réduire la dette et les déséquilibres mondiaux, qui font toujours planer des risques sur la croissance.
"La reprise est toujours sur les rails, mais elle a été plus hésitante depuis de début de l'année", a déclaré le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) Angel Gurria lors d'une conférence de presse.
"Ce ralentissement (...) a été plus prononcé que prévu, notamment dans la zone OCDE", qui réunit les principaux pays industrialisés de la planète, a-t-il ajouté en présentant à Paris, siège de l'organisation, le nouveau rapport sur les Perspectives économiques.
Angel Gurria veut toutefois croire que ce trou d'air sera "de courte durée", avec un rebond progressif d'ici 2012.
Après une croissance mondiale de 4,6% attendue cette année, le club des pays riches prévoit désormais une petite rechute l'an prochain, à 4,2%, puis un nouveau rebond en 2012, à 4,6%.
Ce ralentissement devrait se décliner, de manière plus ou moins marquée, parmi les pays développés, avec des prévisions de croissance revue en baisse partout pour 2011. Dans la zone OCDE, la croissance est attendue à 2,8% cette année, puis ralentirait à 2,3% l'an prochain, avant de repartir à 2,8%.
Aux Etats-Unis, la révision à la baisse est plus nette encore : l'économie progresserait de 2,7% en 2010 (contre 3,2% attendus en mai dernier) puis de seulement 2,2% en 2011 (contre 3,2%), avant le rebond de 2012, à 3,1%.
La zone euro, elle, ferait un peu mieux que prévu cette année, à 1,7% au lieu de 1,2%, mais le rythme de la croissance stagnerait l'an prochain à 1,7% (contre 1,8% attendu auparavant). Les économies de la monnaie unique progresseraient de 2% en 2012.
Le Japon suivrait une trajectoire un peu différente : après un rebond marqué cette année, de 3,7%, la rechute sera plus forte, à 1,7% l'an prochain puis 1,3% en 2012. Dans ce contexte de "déflation persistante", l'OCDE recommande à Tokyo une politique monétaire accomodante encore en 2011 et 2012, ainsi qu'un "assouplissement quantitatif marqué", c'est-à-dire une injection d'argent frais dans l'économie.
"Les risques adverses demeurent substantiels" et "les déséquilibres mondiaux encore élevés, s'accentuant dans certains pays", laissent craindre une "fragilisation de la reprise", affirme le chef économiste de l'OCDE Pier Carlo Padoan dans le rapport, appelant à une "action coordonnée des politiques macroéconomiques" et "de taux de change" au sein du G20.
Parmi les risques, il a énuméré, devant la presse, la santé encore vacillante de l'immobilier aux Etats-Unis, qui pourrait nuire à la convalescence des ménages américains, principaux consommateurs de la planète.
De même, "l'endettement public atteint des records historiques dans de nombreux pays, ce qui n'est pas viable". Dans la zone euro notamment, les "inquiétudes persistantes" sur la dette planent sur les marchés financiers et sur le retour de la confiance.
Si elle reconnaît que la réduction simultanée du déficit public dans de nombreux pays en 2011 aura "probablement une incidence à court terme sur la croissance", l'organisation voit là un mal nécessaire avec des retombées positives sur la durée.
Enfin, l'OCDE s'alarme d'un chômage toujours "élevé".
"Le chômage baisse lentement, mais trop lentement", a prévenu Pier Carlo Padoan, exprimant son "inquiétude". Il a expliqué la lenteur du reflux par une croissance faible mais aussi par les séquelles de la crise, qui pourraient devenir "durables" sur le long terme.