Des députés socialistes ont déposé plainte auprès du tribunal de Compiègne pour demander l'annulation de la vente controversée d'une parcelle de la forêt de Compiègne (Oise), dossier dans lequel l'ex-ministre Eric Woerth est cité, a indiqué jeudi le député Christian Bataille.
"Ce que nous voulons, c'est que la vente soit annulée", a déclaré à l'AFP M. Bataille, confirmant une information révélée par France Info.
La plainte vise selon lui "toutes les personnes ayant participé à cette vente, à l'exception de M. Woerth qui, en raison de sa qualité de ministre à l'époque des faits, doit faire l'objet d'une procédure distincte", devant la Cour de Justice de la République.
"Il y a dans cette affaire une chaîne de responsabilités qui va au-delà de M. Woerth", a déclaré l'élu du Nord, citant notamment "toutes les personnes qui auraient dû constater que la vente n'était pas légale, ou qui n'ont pas fait usage de leur droit de préemption".
Le Canard Enchaîné a accusé en juillet M. Woerth, maire de Chantilly dans l'Oise, d'avoir bradé pour 2,5 millions d'euros une parcelle de la forêt de Compiègne comportant un golf et l'hippodrome, lorsqu'il était ministre du Budget. La vente a été réalisée au profit de la Société des Courses de Compiègne.
M. Woerth a contesté la version de l'hebdomadaire, mais mardi, le procureur général près la Cour de cassation Jean-Louis Nadal a saisi la commission des requêtes de la Cour de justice de la République (CJR) du cas d'Eric Woerth, qu'il soupçonne de favoritisme et de prise illégale d'intérêts dans cette affaire.
La commission des requêtes doit à présent examiner la recevabilité de cette saisine et examiner les qualifications proposées par M. Nadal.
M. Bataille avait écrit le 2 novembre à M. Nadal pour réclamer une "saisine urgente" de la CJR, estimant que la cession de la parcelle était intervenue "au mépris manifeste des règles législatives et réglementaires" entourant ce type de vente de forêt domaniale.
"M. Woerth a outrepassé ses prérogatives et procédé à une vente irrégulière, sans appel d'offres et à un prix plusieurs fois inférieur à la valeur réelle" de la parcelle, a-t-il répété jeudi à l'AFP.
La plainte à Compiègne a été déposée par, outre lui-même, les socialistes Jean-Louis Bianco, Germinal Peiro, Jean Glavany, Henri Emmanuelli, François Brottes, et Laurence Rossignol.