Les chômeurs seront privés d'allocations pour trois mois s'ils refusent une offre, et pour trois ans s'ils rejettent trois offres, selon un projet du gouvernement britannique annoncé jeudi dans le cadre du Livre blanc réformant les allocations.
Ce durcissement des sanctions, combiné à un programme de travail obligatoire pour les chômeurs, doit "remettre les gens au travail", selon le Premier ministre David Cameron.
Le projet privera un chômeur de son allocation de 65 livres (76 euros ou 104 dollars) par semaine pendant trois mois s'il refuse une offre, six mois s'il en refuse deux et trois ans s'il écarte trois offres.
"Si les gens peuvent travailler et qu'on leur propose un emploi, ils doivent le prendre. C'est cela le contrat", a précisé mercredi soir M. Cameron, depuis Séoul où il doit assister au G20. "Le message est clair: si vous pouvez travailler, alors une vie aux crochets des allocations n'est plus une option."
Le gouvernement conservateur prévoit également de forcer les chômeurs à effectuer un travail obligatoire d'intérêt général, sous peine d'une suspension de leurs allocations.
Sur les 2,5 millions de chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT), 1,5 million touchent des allocations chômage, particulièrement peu généreuses.
La plupart perçoivent 65 livres par semaine et leur allocation peut être réduite ou supprimée s'ils manquent un rendez-vous au "job centre" ou s'ils refusent un emploi, mais cette sanction est rarement appliquée, selon l'entourage de M. Cameron.
Le Livre blanc substitue également une allocation "universelle" aux quelque trente allocations existantes (chômage, allocations familiales, allocations logement, crédit d'impôt, etc...).
L'allocation universelle, qui entrera en vigueur en 2013, permettra à une personne qui retrouve un travail de gagner plus que lorsqu'elle touchait les allocations. Le système actuel fait qu'il est souvent dissuasif de retrouver un emploi, du fait de l'impôt prélevé à la source sur le salaire et de la suppression des allocations.
Selon le gouvernement, jusqu'à deux millions de personnes défavorisées devraient voir leur sort s'améliorer avec l'allocation universelle, qui va coûter 2 milliards de livres (2,3 milliards d'euros ou 3,2 milliards de dollars) sur les quatre prochaines années. Parallèlement, de nombreuses allocations doivent être rabotées, comme l'aide au logement ou les allocations familiales.
Il s'agit "du remaniement le plus radical de notre système social depuis sa création", a souligné le vice-Premier ministre Nick Clegg.
Le principal syndicat britannique, Unite, a mis en garde contre une culture de "soupe populaire à l'américaine" si les allocations étaient retirées parallèlement à une hausse du chômage.