Les 1.800 suppressions de postes confirmées à Pôle emploi pour 2011 ont été critiquées vendredi en conseil d'administration par plusieurs syndicats, pour lesquels elles vont "à l'encontre de la mission de service public" (FO), sont "prématurées" (CFDT) et "contreproductives" (CFTC).
"La recherche systématique des gains de productivité (...) va manifestement à l'encontre de la mission de service public" alors que "la courbe du chômage continue à progresser", a estimé Stéphane Lardy (FO).
Il s'est notamment interrogé sur la suppression de 300 CDI, rappelant que le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez avait affirmé en juillet que les "effectifs en CDI" seraient conservés "en l'état, tant que le chômage n'aura pas baissé".
M. Lardy s'est aussi inquiété auprès de l'AFP d'une baisse de la subvention de l'Etat à Pôle emploi en 2012 et 2013, alors même que l'organisme va connaître "un trou dans les ressources en 2010 dû à une baisse des ressources allouées par l'Etat".
Pour la CFDT, "les suppressions de postes ne sont pas taboues mais prématurées: on supprime des moyens à Pôle emploi alors qu'on n'a pas précisément identifié les besoins", a déclaré Gaby Bonnand.
"La manière dont l'Etat se comporte en se désengageant financièrement et en supprimant des moyens ne joue pas un jeu positif pour Pôle emploi", a ajouté M. Bonnand, par ailleurs président de l'assurance chômage.
Gabrielle Simon (CFTC) a protesté contre des suppressions de postes "contre-productives en ce moment où le chômage est élevé", déplorant que "l'Etat ponctionne les ressources de Pôle emploi".
Et l'association de défense des chômeurs MNCP a estimé que "cette décision va à l'opposé des urgences actuelles, alors que le chômage et la précarité progressent".
La direction de Pôle Emploi a annoncé jeudi au Comité central d'entreprise la suppression de 1.800 postes (1.500 CDD et 300 CDI) d'ici fin 2011, ce que les syndicats de l'organisme ont dénoncé comme "une véritable agression".
L'organisme, issu de la fusion ANPE-Assedic fin 2008, compte actuellement quelque 49.000 collaborateurs.
"J'avais annoncé la situation depuis plusieurs mois en disant que Pôle Emploi participerait à la réduction des déficits publics parce que nous avons réussi notre réorganisation et que l'on peut aujourd'hui rendre un certain nombre de moyens exceptionnels octroyés en 2009 et 2010", d'autant que les inscriptions au chômage "ne progressent plus", a déclaré jeudi à l'AFP le directeur général, Christian Charpy.
Le président du conseil d'administration, Dominique-Jean Chertier, a souligné vendredi dans La Tribune que "ce n'est pas une surprise en soi puisque cette suppression figure dans le projet de loi de finances 2011".
Il a précisé que "ce qui complique les choses en 2010, c'est que nous allons avoir un budget rectifié" tenant compte notamment de "la non-compensation par l'Etat du transfert des personnels de l'Afpa (52 millions d'euros) et du budget de gestion de l'Allocation de solidarité spécifique (95 millions) vers Pôle emploi".
"La décision de l'Etat a pu provoquer de l'irritation chez les partenaires sociaux car les enjeux financiers sont importants", selon M. Chertier.