Le ministre de la Défense, Hervé Morin, et le président d'EADS, Louis Gallois, ont annoncé vendredi un pas important vers le décollage du programme A400M, la conclusion de l'accord de financement des 5,2 milliards d'euros de surcoût entre les sept pays clients et Airbus Military.
M. Morin participait à une réunion de l'OCCAR (organisation conjointe de coopération en matière d'armement), qui regroupe les pays de l'OTAN partenaires de l'avion de transport militaire européen (Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Turquie, Belgique, Luxembourg).
Il a parlé de "grand jour pour l'industrie européenne de défense" et admis qu'il "restait à engager le processus de ratification propre à chaque pays" dans les prochaines semaines. Mais "l'A400M a définitivement décollé".
Louis Gallois a rappelé que "le contrat qui vient d'être finalisé fixe les détails de l'accord de principe conclu en mars 2010 et nécessitera quelques travaux légaux complémentaires".
M. Gallois a parlé "d'efforts équilibrés" tout en rappelant que son groupe avait provisionné au total 4 milliards au titre de l'A400M depuis le début du programme.
Le contrat initial de 2003 prévoyait de livrer 180 appareils aux sept clients pour un montant forfaitaire de 20 milliards d'euros à partir de 2009.
Hervé Morin a rappelé que le programme A400M était entré dans une "crise majeure fin 2008 avec l'annonce de trois à quatre ans de retard".
Les contretemps en série (mise au point du moteur, report répété du premier vol etc.) et les dépassements financiers ont rendu indispensable de renégocier le contrat initial.
"Nous avions sous-estimé les uns et les autres la complexité du projet, les technologies avancées à mettre en oeuvre sur un calendrier de six ans et demi qui n'était pas réaliste", a déclaré M. Gallois.
Malgré l'enjeu de 12.000 emplois en France et de 40.000 en Europe, il a fallu une année de rebondissements pour aboutir à l'accord de principe de mars, et encore huit mois pour le "finaliser", dans une situation compliquée par les plans d'économies budgétaires de plusieurs Etats européens.
"Les Etats ont renoncé à réclamer des pénalités à l'industriel et accepté une hausse du prix unitaire de 11 millions par avion", a déclaré le ministre, confirmant que 170 appareils seraient commandés.
La France prendra livraison de son premier A400M début 2013, puis de sept exemplaires en 2014, a dit M. Morin. La France dépensera 8,4 milliards d'euros pour une commande totale de 50 appareils.
L'Allemagne a réduit sa commande ferme à 53 appareils contre 60, avec toutefois une option pour 7 appareils, selon le ministère allemand de la Défense.
Madrid a salué un "pas en avant " qui "pour l'Espagne signifie une augmentation considérable de (sa) capacité de transport aérien militaire".
Le ministère britannique de la Défense a confirmé à l'AFP avoir réduit de 25 à 22 appareils sa commande d'A400M.
M. Morin a affirmé que l'accord était "bon pour les contribuables" car l'appareil est "sans comparaison" avec les prestations (charge, autonomie) des avions américains. C'est un avion "formidable", a abondé Louis Gallois.
Le président exécutif d'EADS a salué l'engagement du ministre "qui a comme nous sa récompense aujourd'hui".