La direction de Pôle Emploi a annoncé officiellement jeudi la suppression de 1.800 postes d'ici fin 2011 dans l'établissement public chargé des demandeurs d'emploi, ce que les syndicats ont aussitôt dénoncé comme "une véritable agression à l'égard des salariés".
Quelque 1.500 CDD ne seront pas renouvelés et 300 postes en CDI seront supprimés, ont indiqué les syndicats dans un communiqué commun à l'issue d'un comité central d'entreprise (CCE), ce qu'a confirmé Pôle Emploi. Pour les CDI, il s'agira de départs non remplacés et non d'un plan de licenciements, a précisé la CGT.
"J'avais annoncé la situation depuis plusieurs mois en disant que Pôle Emploi participerait à la réduction des déficits publics parce que nous avons réussi notre réorganisation et que l'on peut aujourd'hui rendre un certain nombre de moyens exceptionnels qui nous avaient été octroyés en 2009 et 2010", d'autant que les inscriptions au chômage "ne progressent plus", a déclaré à l'AFP le directeur général de Pôle Emploi, Christian Charpy.
L'organisme, issu de la fusion ANPE-Assedic fin 2008, compte actuellement environ 49.000 collaborateurs.
"Ces décisions de suppressions de postes sont prises dans le cadre du projet de loi de finances pour 2011", a ajouté M. Charpy.
Le projet de budget de l'Etat pour 2011 prévoit le maintien de la subvention à Pôle emploi au niveau de 2009 et 2010, mais pas de CDD et contrats aidés embauchés pour faire face à la crise.
Pour les neuf syndicats siégent au CCE (FO, SNAP, CGT, Unsa, CGC, CFDT, CFTC, Sud et SNU), "la situation explosive vécue par les salariés et par ricochet sur les services rendus aux usagers et la situation économique ancrée entraînant la hausse du chômage exigent au contraire une augmentation des effectifs".
"Cette annonce inacceptable" de 1.800 suppressions de postes "est vécue comme une véritable agression à l'égard des salariés qui verront une motivation supplémentaire pour se mettre dans l'action du 9 novembre", journée de grève nationale pour demander une amélioration des conditions de travail et d'accueil à Pôle Emploi. Les syndicats ont demandé un prochain CCE extraordinaire.
Devant la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale jeudi, le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez a souligné que les "1.600 équivalents temps plein" chargés du recouvrement des cotisations chômage, bientôt transférés aux Urssaf, n'ont pas été supprimés à Pôle emploi.
"On garde l'équivalent de 1.300 agents au sein de Pôle emploi, qui vont pouvoir être redéployés sur de nouvelles missions et renforcer les effectifs de Pôle emploi", a-t-il ajouté.
D'après M. Charpy, 300 à 350 personnes vont en fait rester sur des activités liées au recouvrement à Pôle Emploi, et 950 à 1.000 autres seront redéployées en direction des entreprises, des demandeurs d'emplois ou sur des fonctions support. "C'est un renforcement des moyens", a-t-il souligné.
Porte-parole du PS sur le budget travail-emploi à l'Assemblée, Jean-Patrick Gille a estimé dans un communiqué que cette annonce de suppressions d'emplois "ne peut que choquer au moment où le nombre de demandeurs d'emploi suivis par conseiller explose".
La moyenne s'établit à 105 demandeurs par conseiller mais "pour ceux qui sont dans les plus grandes difficultés, comme les licenciés économiques, on est à 1 conseiller pour 60 ou pour 30", a précisé M. Charpy.
Vendredi aura lieu un débat d'orientation budgétaire lors d'un conseil d'administration de Pôle Emploi. "Nous présenterons la projection de ce que seront nos recettes en 2011, et en conséquence les conditions de l'équilibre financier", a indiqué M. Charpy, soulignant que les dépenses de fonctionnement vont baisser du fait des réductions d'effectifs.