Le tribunal de commerce de Paris devrait prononcer jeudi, sauf coup de théâtre, la liquidation judiciaire des activités françaises du groupe américain Molex, qui n'a pas fini de payer le plan social de son usine de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne).
Début octobre, le groupe américain Molex a cessé de financer le plan social de son usine française fermée en 2009. Une décision prise en réponse à une plainte déposée aux prud'hommes par près de 200 salariés sur 283 - la plupart sont aujourd'hui au chômage - qui contestent leur licenciement économique et réclament 25 millions d'euros.
La décision de Molex "n'était pas la conséquence de difficultés économiques rencontrées par le groupe à cette époque (en 2008, ndlr) car elle avait été arrêtée un an avant au moins", fait valoir l'avocat des salariés Jean-Marc Denjean, contacté par l'AFP.
La grande majorité d'entre eux a en fait touché l'intégralité de leurs indemnités et l'arrêt du financement du plan social touche principalement 19 représentants du personnel, licenciés six mois après les autres et qui devaient être payés jusqu'en janvier 2011.
"Il a toujours été question pour Molex de liquider cette société", sa filiale française Molex Automotive SARL, "qui n'a plus d'actifs et qui a licencié son personnel" mais qui continuait à gérer l'argent nécessaire au plan social, explique pour sa part l'avocat du groupe américain Jean-Philippe Lambert.
C'est dans ce but qu'a été nommé, en septembre, un liquidateur amiable. Mais après la plainte aux prud'hommes et la décision de Molex d'arrêter de payer pour sa filiale française, "la procédure de liquidation amiable va se transformer en liquidation judiciaire", poursuit Me Lambert.
Conséquence, la société devrait être placée sous le contrôle du tribunal de commerce de Paris et la question de la responsabilité de la maison-mère américaine Molex envers la SARL pourra éventuellement être posée.
Car tout l'enjeu est de savoir qui va payer les sommes encore dues aux anciens salariés de l'usine de Villemur-sur-Tarn, dont la fermeture était survenue après 11 mois de lutte des salariés. Ce dossier était devenu le symbole d'entreprises jugées rentables mais sacrifiées aux intérêts des actionnaires.
Molex a déjà versé 30 millions d'euros pour le plan social et près de 20 millions pour réindustrialiser la région et refuse à présent de payer les quelque 4 millions manquant.
Le ministre de l'Industrie Christian Estrosi s'est engagé à ce que les congés de reclassement soient pris en charge par l'association de garantie des salaires (AGS), un organisme patronal, et que l'Etat fasse l'avance nécessaire pour régler l'équipe de reclassement mise en place pour les employés encore au chômage.
Mais il veut aller encore plus loin et poursuivre le fabricant de composants électroniques en justice. Après sa nomination, "le liquidateur devrait engager la procédure contre Molex au civil et le gouvernement sera fondé à accompagner l'action du liquidateur en justice", a-t-il déclaré à l'AFP.
La direction de Molex se dit prête à discuter, mais à la condition que les salariés retirent leur plainte aux prud'hommes, et ne veut pas remettre la main à la poche, estimant s'être montrée déjà très généreuse envers les Français, alors que des usines ont été aussi closes dans d'autres pays.
"On pourra les poursuivre jusqu'aux Etats-Unis, ce n'est pas Molex qui va payer cette action parfaitement injustifiée", avertit Me Lambert en parlant de la procédure aux prud'hommes.