Les chefs d'Etat et de gouvernement européens ont exhorté les grands pays dans le monde à "éviter" une guerre des monnaies, dans un texte adopté vendredi en vue du prochain sommet du G20 de Séoul.
L'Union européenne "souligne la nécessité d'éviter toutes les formes de protectionnisme et d'éviter d'engager des mouvements de taux de change visant à gagner des avantages compétitifs à court terme", selon la déclaration, adoptée à l'issue d'un sommet de deux jours à Bruxelles.
"Je crois qu'une guerre des monnaies n'a pas lieu d'être", a aussi indiqué le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, qui est également le président de l'Eurogroupe, le forum des ministres des Finances de la zone euro.
"Nous pensons que les taux change ne doivent pas se caractériser par une volatilité excessive et qu'ils doivent refléter les données économiques fondamentales", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet de Bruxelles.
L'inquiétude grandit au niveau mondial face à l'atmosphère de "guerre des changes" entre grandes puissances pour affaiblir leurs devises respectives afin d'exporter davantage et de mieux résister à la crise économique.
Plusieurs pays d'Asie, comme le Japon ou la Chine, sont accusés d'empêcher leurs monnaies de trop s'apprécier, voire d'encourager leur repli, afin de doper leurs exportations et leur croissance économique.
Cette situation fait craindre une course aux dévaluations compétitives, comme au début des années 1930 lorsque la Grande-Bretagne avait enclenché un tel mouvement au niveau mondial, accélérant alors la crise.
Le sommet des dirigeants du G20 de Séoul risque d'être dominé par les questions de taux de change et notamment la valeur du yuan, alors que les déséquilibres des monnaies menacent la reprise mondiale.
Les Européens ont récemment tiré la sonnette d'alarme face au niveau élevé de l'euro, qui pourrait saper leur timide reprise en pénalisant leurs exportations.
Ils ont appelé la Chine à une appréciation "significative" de sa monnaie et s'inquiètent aussi de la sous-évaluation du dollar. Les Etats-Unis sont soupçonnés de se satisfaire pleinement de voir le billet vert fondre car cela stimule leurs exportations au moment où la croissance du pays patine.