Sitôt la réforme des retraites votée au Sénat, les députés se sont emparés mardi du texte de la Commission mixte paritaire (CMP) Assemblée-Sénat, avant un vote mercredi après-midi qui vaudra adoption définitive par le Parlement.
Si le ministre Eric Woerth (Travail) s'est félicité par avance de l'adoption d'"une réforme sans précédent pour notre société", la gauche a continué à dénoncer le "passage en force du gouvernement" pour une réforme "injuste et qui ne règle rien".
Marisol Touraine (PS) a dénoncé "un moment grave". "Jusqu'au bout, le gouvernement aura privilégié la confrontation plutôt que la concertation", a-t-elle dit. "Et tout ça pour quoi? Pour une réforme de second ordre qui ne permet pas de régler les problèmes puisque vous nous dites qu'il faudra tout reprendre en 2013. Quel aveu! En réalité, votre réforme est un fiasco! Vous avez finalement abouti à un pays meurtri!"
Roland Muzeau (PCF) a lui aussi vilipendé "le passage en force du gouvernement".
"Vous avez entrepris de vous attaquer à un vrai enjeu de civilisation avec un tel mépris que vous êtes les seuls responsables des manifestations en cours (....). Vous avez fermé la porte aux négociations pour le plus grand plaisir des marchés financiers et de l'Europe ultra-libérale", a-t-il dit. "Notre démocratie parlementaire ne sort pas grandie de cette réforme menée à la bombarde!"
Jean-Luc Préel (NC) a au contraire défendu un projet "raisonnable" tout en regrettant que "l'on ne soit pas allé plus loin vers un régime universel".
Michel Heinrich (UMP) a sans surprise défendu une réforme "juste". "Ce n'est pas une question de gauche ou de droite, a-t-il dit. C'est une question de bon sens étant donné l'allongement de la durée de vie. La gauche fait comme s'il y avait une alternative. Nous avons eu, nous, un langage de vérité. La France conservera le système le plus protecteur d'Europe".