Les forces de l'ordre ont entrepris dans la nuit de débloquer trois dépôts de carburant bloqués par des opposants à la réforme des retraites, contre laquelle les jeunes veulent rester mobilisés mercredi malgré de nouvelles violences de casseurs la veille.
Quelques heures après la promesse du Premier ministre François Fillon de ramener à la "normale" la situation dans les stations-service en "quatre à cinq jours", les forces de l'ordre sont intervenues dans les dépôts de La Rochelle, du Mans et de Donges, en Loire-Atlantique. Mais des manifestants ont commencé dans la matinée à bloquer celui de Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône).
"Nous continuerons à débloquer autant que nécessaire les dépôts", a prévenu mercredi matin le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, deux jours après l'activation de la cellule interministérielle de crise qu'il préside.
Mardi, à trois jours des vacances de la Toussaint, près de 4.000 stations sur les 12.500 du pays étaient "en attente d'approvisionnement", selon le gouvernement, qui avait écarté le week-end passé tout risque de pénurie. L'ouest de la France et Paris sont particulièrement touchés.
Sans attendre la réunion de l'intersyndicale des salariés jeudi pour décider de la suite à donner au mouvement, lycéens et étudiants entendaient poursuivre leur mobilisation, particulièrement forte mardi lors de la sixième journée d'action, avec 180.000 jeunes dans les rues, selon le syndicat étudiant Unef.
Les principales organisations lycéenne et étudiante, l'UNL et l'Unef, ont appelé à un rassemblement à 11H00 devant le Sénat, où la réforme des retraites a été discutée jusqu'au petit matin, la gauche monopolisant la parole pour faire durer la discussion au-delà de jeudi, nouvelle date prévue pour le vote du texte.
Des lycéens ont annoncé qu'ils comptaient poursuivre les blocages de lycées - un record de 379 selon le ministère, de 1.400 lycées selon l'UNL, l'ont été mardi. La mobilisation étudiante a, elle, franchi un palier lors de ce que l'Unef a décrit comme une "journée exceptionnelle".
L'Unef a comptabilisé "29 universités mobilisées" sur les 83 du pays. Plusieurs ont été bloquées, entre six et dix selon les sources. Trois autres ont été fermées par l'administration.
Ces actions lycéennes ont encore fait mardi l'objet de violences. Annonçant l'interpellation de "1.423 casseurs en une semaine", Brice Hortefeux a lancé un message de fermeté: "Nous ne laisserons pas les voyous impunis".
Les violences ont été particulièrement impressionnantes mardi à Lyon, pour la troisième fois en une semaine. Toute la journée, la police a tenté de répondre à ce que le directeur départemental de la sécurité publique du Rhône, Albert Doutre, a décrit comme "de véritables phénomènes de guérilla urbaine".
Des incidents ont également eu lieu en Ile-de-France, à Nanterre, en Seine-Saint-Denis et en Essonne.
Des perturbations étaient à prévoir dans le fonctionnement de nombreux secteurs, comme dans la production d'énergie ou dans les aéroports, où des organisations syndicales ont annoncé des actions de blocage des accès, notamment à Roissy. L'accès à Toulouse-Blagnac est également très perturbé depuis 06H30.
A Marseille, la préfecture a pris un arrêté de réquisition des agents affectés à la surveillance des trois tunnels urbains après l'annonce d'action de blocages par FO. La ville est touchée par le mouvement dans plusieurs autres secteurs (ramassage des ordures, crèches, cantines, etc).
Le trafic de la SNCF devait rester perturbé mercredi. En Ile-de-France, le trafic était en revanche "normal" ou "quasi normal" sur les réseaux de la RATP et du RER.