Le gouvernement japonais a estimé mardi dans son diagnostic mensuel que l'économie japonaise est entrée en phase de stagnation, alors qu'il considérait encore le mois dernier que la reprise se poursuivait.
"L'évolution économique semble piétiner ces derniers temps", a écrit le gouvernement dans son rapport économique d'octobre, dégradant son appréciation générale pour la première fois en vingt mois.
L'exécutif de centre-gauche, qui mettait déjà en garde en septembre sur la sévérité de la conjoncture, appuie principalement son jugement sur la morosité des exportations et de la production industrielle.
Bien que la situation des entreprises se soit améliorée, il souligne aussi que la prudence s'impose pour les mois à venir.
L'économie japonaise est heurtée par les incertitudes conjoncturelles mondiales et par la hausse subséquente du yen, deux facteurs qui se conjuguent pour affaiblir les exportations, un des moteurs essentiels de la santé du pays.
La monnaie nippone évolue actuellement à son plus haut niveau en 15 ans face au dollar, dépassant nettement les prévisions des entreprises.
Les firmes japonaises qui commercent avec l'étranger sont piégées par cette envolée qui ronge leurs revenus tirés de l'étranger une fois rapatriés en yens, sauf à augmenter les prix de vente extérieurs, auquel cas la compétitivité de leurs produits régresse.
Sur le volet intérieur, le Japon est en proie au phénomène pervers de baisse continue des prix au détail, une situation déflationniste qui pousse les entreprises dans un engrenage de réduction des coûts et de moindres investissements.
Les sociétés et commerçants baissent leurs prix dans le but d'attirer des clients, mais sans nécessairement y parvenir, la progression des salaires étant elle aussi freinée et la propension à consommer atténuée.
Le gouvernement a rappelé en outre que les conditions sur le marché de l'emploi restent difficiles. Il a toutefois conservé la notion de "signes perceptibles de rétablissement", se basant sur les chiffres du chômage qui ont évolué dans le bon sens ces derniers mois.
Face à cette conjoncture ambivalente, l'Etat prépare deux nouveaux trains de mesures ciblées pour dynamiser la consommation et l'activité des entreprises.
Quant à la Banque du Japon (BoJ), statutairement indépendante, elle conduit une politique monétaire des plus accommodantes, ayant renoué avec un taux directeur nul, afin de faciliter les prêts d'argent et les investissements.
"Il est à espérer que l'économie continuera d'être soutenue par les mesures de politique monétaire de la Banque du Japon prises en étroite collaboration avec le gouvernement", est-il également écrit dans le rapport.
La détérioration de l'appréciation économique générale du gouvernement intervient au moment où les économistes s'attendent à une révision à la baisse des prévisions de croissance que la BoJ doit publier à la fin du mois.
Pour l'avenir, le gouvernement juge la situation incertaine. D'un côté existe l'espoir d'une amélioration à l'étranger dont profiterait le Japon, grâce essentiellement aux pays émergents. De l'autre côté perdure un risque d'aggravation si la conjoncture extérieure, américaine notamment, s'aggrave, que le yen continue de grimper et les valeurs boursières de baisser.