Les pays européens, censés finaliser un renforcement historique de leur discipline budgétaire suite à la crise grecque, divergent toujours sur la vigueur du remède, la France ou l'Italie notamment étant pointées du doigt pour leur "frilosité" par leurs partenaires.
"Je pense que beaucoup d'Etats membres (de l'UE) deviennent frileux maintenant", a regretté lundi le ministre des Finances néerlandais, Jan Kees de Jager, en arrivant à une réunion avec ses homologues européens à Luxembourg.
Pourtant, "pendant la crise de la dette au printemps, nous avons vu ce qu'une crise de la dette souveraine peut faire", a-t-il mis en garde, en référence à la quasi-faillite de la Grèce et à la tempête qui a fait vaciller l'euro.
"Les efforts pour diluer le cadre (de discipline budgétaire) doivent être stoppés", a également prévenu le ministre suédois des Finances, Anders Borg.
Les ministres européens devaient tenter lundi d'apporter la touche finale à des propositions pour renforcer la surveillance des déficits et de la dette dans l'UE, discutées depuis le printemps et qui doivent être présentées aux dirigeants européens la semaine prochaine.
Il s'agit de la sixième réunion -et normalement la dernière- d'un groupe de travail sur ce sujet, placé sous la houlette du président de l'UE Herman Van Rompuy.
Les pays européens se sont déjà mis d'accord sur la mise en place des sanctions renforcées contre les pays laxistes.
Mais ils ont encore du mal à s'entendre sur le niveau de sévérité du dispositif, et notamment le degré d'automaticité des sanctions.
La Commission européenne, appuyée par des pays comme l'Allemagne, les Pays-Bas ou encore la Finlande, veut que cette automaticité soit très forte.
Ils craignent que la réforme ne soit affaiblie sous la pression d'autres pays, comme la France ou l'Italie.
Dans le détail, alors que Bruxelles souhaite qu'une majorité qualifiée soit requise à l'avenir pour bloquer des sanctions, la France plaide en faveur d'une majorité simple, moins difficile à obtenir.
Autre point d'achoppement: la prise en compte de la dette.
Les Etats européens sont d'accord sur le principe pour accorder à l'avenir plus d'attention au niveau de leur dette et pas seulement à celui de leurs déficits publics annuels.
La Commission européenne suggère qu'un pays de la zone euro puisse être rappelé à l'ordre et puni par une amende si sa dette est supérieure à la limite européenne de 60% du PIB et ne diminue pas assez vite.
Mais certaines capitales insistent pour que d'autres critères que le seul chiffre de dette publique soient pris en compte: l'Italie veut qu'on englobe aussi la dette privée qui chez elle, contrairement à l'Espagne, est modérée.
Neuf pays européens, principalement d'Europe de l'Est ont demandé de leur côté que le poids des réformes des retraites sur les finances publiques soit comptabilisé.
Quant à la France, elle a souligné notamment que les investissements réalisés par les pays devraient être pris en compte.
"C'est maintenant le moment de vérité pour les Etats membres de l'UE", le "test décisif" pour montrer que les pays sont "sérieux en matière de gouvernance économique", a averti le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn.
Il a souligné qu'un "mécanisme de sanctions efficace" et "l'accent mis sur la dette" étaient les "pierres angulaires" de la réforme envisagée.
Dans un entretien publié dimanche par le quotidien italien La Stampa, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet a exhorté à ne pas relâcher l'effort. Il faut "des réformes plus ambitieuses" encore que celles proposées par la Commission européenne, a-t-il dit.