
La commission pour la libération de la croissance présidée par Jacques Attali a proposé vendredi à Nicolas Sarkozy un programme étalé sur dix ans pour réduire de façon drastique la dette publique et favoriser l'emploi qui suscitent déjà des critiques.
"Il ne s'agit pas d'un plan d'austérité. Nous proposons de réduire la dette pour favoriser la croissance", a tenu à préciser à la presse M. Attali après avoir remis ses propositions au chef de l'Etat.
Dans ce rapport, l'ex-sherpa de François Mitterrand a dressé un constat inquiétant de la situation de la France, qui selon lui "frôle la faillite". "Si on continue comme cela, le pays sera ingérable", a-t-il insisté, agitant même le spectre d'une "prise en main de la politique du pays par des autorités internationales" comme le Fonds monétaire international.
Comme dans son premier rapport début 2008, la commission présidée par Jacques Attali a formulé une série de remèdes "chocs".
Ainsi, à contre-courant de la vive opposition à la réforme des retraites, elle a estimé "nécessaire" d'allonger la durée des cotisations et celle du temps de travail, a précisé M. Attali.
Le "programme à dix ans" de la commission suggère une "stratégie" fondée sur "deux urgences" (le désendettement et l'emploi, en particulier celui des jeunes) et "deux priorités de long terme" (l'éducation, avec réforme de l'école primaire, et les grands secteurs de croissance comme l'environnement, les ressources naturelles et les grandes infrastructures).
En matière de maîtrise des dépenses publiques, la commission érige en priorité absolue le retour du déficit public sous les 3% du PIB en 2013, ainsi que l'a lui-même promis le gouvernement, en réduisant en trois ans de 50 milliards d'euros les dépenses publiques et en élargissant de 25 autres milliards l'assiette des prélèvements "sans relèvement de taux".
"Il convient de réduire ou de supprimer des niches fiscales ayant des effets antiredistributifs ou valorisant les plus privilégiés (épargne et plus-values du capital bénéficiant d'un régime fiscal dérogatoire), ce qui revient à augmenter les impôts", ou encore la TVA à 5,5%, selon le rapport.
La commission suggère également de "geler le point d'indice pour les fonctionnaires" et de "prolonger et élargir la règle de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite aux collectivités locales et à la Sécurité sociale".
Dans un communiqué, Nicolas Sarkozy s'est réjoui de la "convergence" de ces remèdes avec la politique suivie par son gouvernement.
Le rapport Attali préconise par ailleurs de geler certaines prestations sociales et de mettre sous condition de ressources les allocations familiales. Une hypothèse que la secrétaire d'Etat à la Famille, Nadine Morano, a écartée immédiatement au nom de la "politique familiale" du gouvernement.
Concernant la Sécurité sociale, le déremboursement de médicaments est préconisé, ainsi que la mise en place d'une participation financière des malades en affection de longue durée (cancers, diabète...) actuellement pris en charge à 100% sans condition de ressources.
Ces mesures ont suscité de nombreuses critiques, à droite comme à gauche. La présidente du Parti chrétien-démocrate, Christine Boutin, y a vu "des coups de sabre qui mettent en péril le lien social et l?avenir de notre pays", le PCF des "bouffées ultralibérales délirantes" et la vice-présidente du Front national, Marine Le Pen, a même rebaptisé Jacques Attali "d'Attila"...
Evoquant enfin la fiscalité du patrimoine, le rapport prône un "réexamen" des plus-values et successions et demande que "la contribution des plus favorisés ne soit pas annulée par le bouclier fiscal".