
Des assemblées générales de grévistes auront lieu mercredi dans quasiment toutes les raffineries de métropole pour décider d'une éventuelle reconduction du mouvement sur les retraites, qui a touché mardi onze des douze raffineries, a-t-on appris de sources syndicales et patronales.
Les personnels de la Compagnie industrielle et maritime (CIM), qui gère au Havre les terminaux pétroliers, sont également entrés en grève reconductible mardi, d'après la CGT. Ces terminaux alimentent les raffineries de la vallée de la Seine et livrent en kérosène les aéroports de Roissy et Orly.
Les six raffineries Total ont été affectées mardi par des grèves, mais le mouvement n'a pas eu de conséquence sur les approvisionnements en carburants, d'après la direction.
Trois de ces raffineries ont entamé des manoeuvres d'arrêt: celle de Donges (Loire-Atlantique) depuis mardi matin, comme voté vendredi par une AG, celle de Grandpuits (Seine-et-Marne) également depuis mardi matin après une AG, et celle de La Mède (Bouches-du-Rhône) depuis dimanche matin, en raison du blocage des terminaux pétroliers de Fos-sur-Mer et Lavera par la CGT portuaire.
L'arrêt d'une raffinerie, processus très lourd, prend plusieurs jours.

La CGT du groupe Total, majoritaire dans la branche raffinage au plan national, a appelé à la grève reconductible.
Dans cinq des six raffineries, entre 50 et 80% du personnel posté a cessé le travail mardi, selon la direction. Mais à Feyzin (Rhône), où la CFDT est majoritaire, la mobilisation a été plus réduite, et une assemblée générale doit y décider mercredi de la poursuite ou non du mouvement.
Sur la plupart des sites, après des AG mardi qui ont reconduit le mouvement, de nouvelles réunions sont prévues mercredi, parfois à chaque changement d'équipe, d'après la CGT.
Les raffineries Total sont installées à Gonfreville L'Orcher (Seine-Maritime), Donges (Loire-Atlantique), La Mède (Bouches-du-Rhône), Feyzin (Rhône), Grandpuits (Seine-et-Marne) et près de Dunkerque (Nord), cette dernière étant cependant arrêtée depuis un an.
Autour de l'étang de Berre, outre la raffinerie Total de La Mède, se trouvent trois autres raffineries (LyondellBasel à Berre, Esso à Fos et Ineos à Lavera). Déjà perturbées par le blocage des terminaux pétroliers proches, elles sont aussi entrées en grève reconductible, parfois partiellement.

Ainsi à la raffinerie Esso de Fos, qui a continué de fonctionner, seul le personnel chargé des expéditions de produits a été en grève mardi, selon la direction.
Les autres sites Esso en France (raffinerie de Port-Jérôme Gravenchon, plate-forme pétrochimique attenante et dépôts sur le territoire) ne sont pas en grève.
Concernant les raffineries du groupe Petroplus, à Petit-Couronne, près de Rouen, la grève reconductible avec réduction de production engagée lundi s'est poursuivie mardi, selon les syndicats.
A la raffinerie de Reichstett, près de Strasbourg, appartenant au même groupe, seul un débrayage d'une heure a été organisé et la grève n'a eu qu'un "impact symbolique", selon la CFDT.
Pour la CGT du groupe Total, "la pénurie de carburant est bien à l'ordre du jour dans un très proche avenir contrairement aux propos de l'Ufip (industries pétrolières) et du gouvernement", selon un communiqué.
Total "a pris les dispositions nécessaires" et "pour l'instant le mouvement n'a pas de conséquence visible sur les approvisionnements" en carburants, a pour sa part indiqué un porte-parole du groupe.
"Il n'y a pas de raison qu'il y ait de pénurie sauf si les gens se ruent sur les stations-services", a aussi fait valoir une porte-parole d'Esso.