Chute de l'emploi dans le secteur public, ralentissement des embauches dans le privé et maintien d'un chômage très élevé: le rapport officiel sur l'emploi de septembre publié vendredi aux Etats-Unis pouvait difficilement être plus mauvais, à moins d'un mois des législatives.
Le pays a perdu des emplois pour le quatrième mois d'affilée, et à un rythme bien plus rapide qu'en août, indique ce rapport.
L'économie a détruit en septembre 95.000 emplois de plus qu'elle n'en créait, ce qui traduit une progression du solde des emplois perdus de 67% par rapport au mois précédent.
Les analystes estimaient au contraire que le pays était revenu à l'équilibre avec un solde nul de créations ou de destructions d'emplois.
Les destructions d'emplois sont le fait du secteur public, qui a supprimé 159.000 postes.
L'Etat a mis fin comme prévu aux contrats de 77.000 personnes embauchées à titre temporaire pour le recensement. La surprise est venue des collectivités locales, qui font face à des contraintes budgétaires énormes et ont sabré dans leurs effectifs comme jamais depuis la grande crise du début des années 1980.
Pour Sal Guatieri, économiste de BMO Capital Markets, "les seules bonnes nouvelles" du rapport "sont que le secteur privé continue de créer des emplois et que le (taux de) chômage n'est pas remonté".
Celui-ci est resté à 9,6%, mais c'est un piètre réconfort: avec septembre, les Etats-Unis ont connu 17 mois consécutifs de chômage supérieur ou égal à 9,4%, ce qui ne s'est jamais vu depuis 1948 au moins. De plus, selon une étude de la Banque centrale (Fed), le taux risque fort de monter jusqu'à 10,3% d'ici à la fin du premier semestre 2011.
Le rapport du ministère montre que l'emploi a progressé dans le secteur privé, mais le rythme de la hausse a ralenti. Il n'y a eu que 64.000 créations nettes de postes en septembre (alors que les analystes en attendaient 10.000 de plus), soit 31% de moins qu'en août.
Le président Barack Obama, qui a hérité d'une situation économique désastreuse au moment de sa prise de fonctions en janvier 2009, a insisté sur le fait que l'économie restait engagée sur la bonne voie.
Le secteur privé a connu "neuf mois consécutifs de croissance des emplois", a-t-il dit, cela "va dans le bon sens".
Le président a ajouté que les destructions d'emplois dans le public auraient été bien pires sans sa politique économique.
Le défi pour le gouvernement et la banque centrale consiste à trouver la formule qui permettra de rompre le cercle vicieux dans lequel, plus d'un an après le début de la reprise, un chômage élevé, une consommation faible et une croissance lente de l'économie et de l'emploi s'alimentent mutuellement.
Alors qu'approchent les législatives du 2 novembre, la politique de M. Obama en matière d'emploi recueille une majorité relative d'opinions négatives depuis l'été, selon l'institut de sondage Gallup.
Le président a promis vendredi de faire tout son possible pour soutenir les Etats fédérés et les collectivités locales, et pour aider les PME, afin qu'elles puissent embaucher.
Les Américains veulent "plus d'emplois et moins de dépenses" publiques, a afffirmé de son côté John Boehner, un des chefs de l'opposition républicaine au Congrès, appelant les électeurs à sanctionner la politique d'un président qui selon lui n'a pas "écouté" le pays.