
Après la bonne surprise du printemps, la croissance française devrait se poursuivre à un rythme plus "modéré" pour atteindre 1,6% en 2010, la demande intérieure servant d'"amortisseur" face au ralentissement américain, selon les prévisions de l'Insee publiées jeudi.
L'Institut national de la statistique table toujours sur une augmentation du produit intérieur brut (PIB) de la France "modérée" d'ici la fin de l'année, de 0,4% par trimestre.
Mais grâce à la bonne performance du deuxième trimestre (+0,7%), l'Insee s'attend désormais à une croissance de 1,6% pour l'ensemble de 2010. C'est mieux que sa précédente prévision de 1,4%, mais c'est aussi davantage que la croissance de 1,5% attendue par le gouvernement dans son projet de budget pour l'an prochain présenté mercredi.
L'exécutif s'est immédiatement emparé de cette note d'optimisme: le ministre du Budget François Baroin a fait sienne la prévision de l'Insee en la dévoilant jeudi matin avant même qu'elle ne soit publiée.
Pour la suite, le gouvernement mise sur une croissance de 2% l'an prochain, un chiffre jugé optimiste par de nombreux économistes, et de 2,5% par an entre 2012 et 2014.
Les bonnes nouvelles pour la fin de l'année viennent des ménages et des entreprises françaises.
"La balance des risques se modifie", a ainsi expliqué la responsable de la conjoncture à l'Insee, Sandrine Duchêne.
"On s'interrogeait beaucoup il y a quelques mois sur la possibilité d'une reprise autonome de la demande en France et en Europe", a-t-elle rappelé. Or selon elle, "cette reprise, elle a eu lieu", tandis que les risques viennent désormais de l'extérieur, "notamment de la faiblesse de l'économie américaine".
Après une accélération au printemps, la croissance européenne devrait aussi ralentir quelque peu au second semestre.
"Le principal vecteur du ralentissement viendrait des Etats-Unis", où la consommation des ménages devrait subir un coup de frein avec la fin des mesures de soutien à l'économie", a prévenu Olivier Redoulès, de l'Insee. De leur côté, "les économies émergentes ne seraient pas d'un grand secours pour amortir" la moindre demande américaine.
Du coup, face à ce "choc" attendu en provenance d'Outre-Atlantique, "l'airbag" est à chercher ailleurs, selon l'institut.
"Dans les trois grands pays de la zone euro, l'Allemagne, la France et l'Italie, les signaux de reprise autonome se sont faits de plus en plus nets" et "cette dynamique de la demande intérieure va se prolonger jusqu'à la fin de l'année" et jouer le rôle d'"amortisseur", a souligné Sandrine Duchêne.
En France, cette dynamique devrait se traduire au second semestre par la poursuite du redressement de l'investissement des entreprises (+0,6% par trimestre après +1,1% au deuxième trimestre).
Cela bénéficiera à l'emploi salarié, avec une légère embellie, le taux de chômage étant attendu à 9,6% à la fin de l'année en France, DOM compris (9,2% en seule métropole).
Conjuguée à une inflation "modérée et stable", la petite amélioration de l'emploi devrait accélérer le pouvoir d'achat, ce qui se répercuterait sur la consommation des ménages. Après une hausse de 0,3% au deuxième trimestre, cette dernière augmenterait encore de 0,4% puis 0,5% aux troisième et dernier trimestres de 2010.
"Cela accrédite notre scénario d'un cercle vertueux de la reprise", s'est-on réjoui dans l'entourage de la ministre de l'Economie Christine Lagarde.
"Mais avec un chômage encore élevé, la croissance de la consommation resterait en-deçà de ce qu'on connaissait avant la crise", a nuancé l'Insee, évoquant une hausse "limitée" de 1,4% en 2010, "nettement inférieure" au rythme de 2,5% qui prévalait avant la récession.