Le gouvernement espagnol a présenté jeudi au Parlement son budget 2011, marqué par l'austérité, point d'orgue d'une semaine à hauts risques dont il se sort finalement bien, entre une grève générale suivie inégalement et une note financière abaissée d'un seul cran.
La première nouvelle de la journée a été l'annonce, par l'agence de notation Moody's, qu'elle retirait sa note maximale "Aaa" à l'Espagne, en raison de la "détérioration considérable de la solidité financière du gouvernement" du pays.
La sanction était redoutée depuis plusieurs jours par les marchés, alors qu'expirait le délai d'examen de trois mois lancé le 30 juin par l'agence. Elle n'est qu'une suite logique après le retrait de ce précieux label par Standard & Poor's en janvier et Fitch en mai.
Mais la note n'est abaissée que d'un cran, à ""Aa1", avec perspective stable, ce qui fait de l'Espagne un emprunteur "très solide ne présentant que de très faibles possibilités de non remboursement".
La Bourse de Madrid n'était du coup qu'en faible baisse jeudi vers 14H05 (12H05 GMT), de 0,31%, après trois séances dans le rouge ces derniers jours.
Certes, Moody's s'inquiète des "faibles perspectives de croissance du pays", estimée à 1% par an en moyenne, et note que "le processus de rééquilibrage de l'économie", pour la rendre moins dépendante du secteur de la construction, "devrait prendre plusieurs années".
L'agence pointe aussi la dépendance accrue du pays envers les marchés.
Mais l'approbation vendredi dernier par le Conseil des ministres espagnol d'un projet de budget 2011 austère a incité Moody's à être moins sévère.
"La détermination du gouvernement à réduire à court terme son très important déficit public est un facteur important dans la décision de Moody's de limiter la dégradation de la note de seulement un cran et d'attribuer une perspective stable", explique Kathrin Muehlbronner, analyste en chef pour l'Espagne.
"C'est un budget austère pour réduire le déficit public", dans lequel "nous allons dépenser moins dans de nombreux domaines", a rappelé la ministre de l'Economie Elena Salgado devant le Parlement, se félicitant de la baisse "limitée" de la note de Moody's.
Alors que le déficit a explosé à 11,1% en 2009, l'Espagne vise 9,3% en 2010, 6% en 2011 puis 3% en 2013.
"Les résultats que nous avons obtenus ces derniers mois montrent que nous sommes sur le bon chemin" et "nous allons continuer sur ce chemin", a assuré Mme Salgado.
Le budget prévoit une diminution de 16% des dépenses des ministères et de 7,9% de celles de l'Etat, hors dépenses financières. Même la maison royale devra se serrer la ceinture pour la première fois de son histoire, avec une enveloppe en baisse de 5,2%.
S'y ajoute une hausse de l'impôt sur les revenus les plus élevés.
Les socialistes - qui ne disposent que d'une majorité relative - sont quasiment sûrs d'obtenir un feu vert à ce projet, après avoir noué un accord avec le Parti nationaliste Basque (PNV).
Mais cette rigueur, saluée par les marchés, irrite les syndicats, qui ont organisé mercredi une grève générale, la première de l'ère Zapatero.
Une centaine de manifestations, des transports perturbés et des usines automobiles à l'arrêt ont marqué cette journée: un "succès démocratique" pour les syndicats, alors le gouvernement y a vu "un suivi inégal et un effet modéré".
La plupart des journaux espagnols contestaient jeudi le succès du mouvement: "Echec général", titrait El Mundo (conservateur), tandis qu'El Pais (centre-gauche) notait "un impact modéré".