
La Banque centrale européenne et l'Allemagne ont fait pression lundi pour que les pays de l'UE renforcent très nettement leur discipline commune sur les déficits et le contrôle de la dette, via des sanctions fermes, alors que plusieurs pays renâclent.
Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, manifestement méfiant quant à la capacité des Etats européens à s'auto-contrôler et à s'auto-sanctionner, après la faillite du Pacte de stabilité européen, a proposé la création d'un comité de sages pour garantir une vraie surveillance.
"Pour renforcer l'examen et le contrôle des politiques budgétaires, la Banque centrale européenne est en faveur d'un organe consultatif de +sages+, à l'échelle de l'Union européenne, qui apporterait une deuxième opinion", a-t-il déclaré devant une commission du Parlement européen.
"L'indépendance d'analyse, de jugement et de contrôle ne doivent plus jamais être remis en cause", a-t-il plaidé. M. Trichet s'en est pris à l'attitude des pays de la zone euro qui selon lui traînent les pieds depuis longtemps pour durcir le Pacte de stabilité.
"Il y a une sous-estimation permanente de ce qui est nécessaire dans ce domaine, surtout au sein de la zone euro", a regretté M. Trichet, qui a réclamé "un véritable bond en avant".
Ces difficultés, illustrées par la Grèce notamment au printemps, ont été à l'origine de la pire crise de confiance qu'ait connue la zone euro depuis sa création en 1999. Et les inquiétudes persistent aujourd'hui avec les difficultés bancaires de l'Irlande.
M. Trichet s'est exprimé peu avant une réunion à Bruxelles sur le sujet des ministres européens des Finances, qui a débuté dans la soirée sous la houlette du président de l'UE Herman Van Rompuy.
La Commission européenne doit aussi présenter mercredi des propositions sur un nouveau système de sanctions pour les pays trop dépensiers, qui ne font pas l'unanimité.
Face aux réticences de certains de ses partenaires à aller trop loin, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a appelé à ne pas relâcher l'effort, dans un courrier à tous ses collègues.
"J'apprécierais beaucoup votre soutien à mes idées de sanctions plus fortes", y écrit le ministre, "j'ai hâte d'arriver à un résultat".
Berlin est de plus en plus irrité de la lenteur des travaux. L'Allemagne réclame la suppression de subventions européennes pour les pays trop laxistes et, à terme, la suspension de leur droit de vote dans les instances européennes.
M. Schäuble, comme la BCE, insistent aussi pour conférer aux sanctions un caractère quasi-automatique. Le Luxembourg et la Commission européenne ont soutenu cette idée lundi soir.
"Nous avons besoin de sanctions" qui "bien entendu" devront être semi-automatiques, a dit le ministre luxembourgeois des Finances, Luc Frieden.
"Les sanctions devront être semi-automatiques" et devront "pouvoir être déclenchées suffisamment tôt", a renchéri le commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn.
L'idée serait que les sanctions soient appliquées sauf si une majorité d'Etats y sont opposés, ce qui rendrait un blocage très difficile à obtenir.
Dans ses propositions attendues mercredi, Olli Rehn prévoit d'obliger à un dépôt équivalent à 0,2% du PIB les pays de la zone euro qui ne gardent pas leurs finances sous contrôle. Bruxelles veut aussi punir financièrement les pays qui ne réduiraient pas suffisamment vite leur dette excessive. Une idée qui suscite les réserves de pays comme la France ou l'Italie.