Le gouvernement socialiste espagnol a approuvé vendredi un projet de budget 2011 "austère", gardant le cap sur son objectif premier, la réduction des déficits publics, mais prévenant que le chômage mettra plus de temps que prévu à baisser.
"Il s'agit d'un budget austère (...), le plus austère de ces dernières années", a reconnu en conférence de presse la ministre de l'Economie Elena Salgado, à l'issue de la réunion du Conseil des ministres, employant exactement le même adjectif qu'il y a un an, pour le budget 2010.
Certes, le déficit des comptes publics a finalement été un peu moins prononcé en 2009, à 11,1% contre 11,2% avancé jusqu'à présent, a annoncé la ministre.
Mais il reste du chemin à faire pour atteindre 9,3% en 2010, 6% en 2011 puis 3% en 2013, les objectifs confirmés vendredi par le gouvernement, alors que l'Espagne subit encore les effets de l'éclatement de sa bulle immobilière et de la crise financière internationale, en 2008 et 2009.
Pour cela, le budget prévoit une diminution de 16% des dépenses des ministères et de 7,9% des dépenses de l'Etat, hors dépenses financières et à périmètre comptable constant. Les fonctionnaires subissent déjà depuis juin une baisse de 5% de leurs salaires.
S'ajoute aussi une hausse de l'impôt sur les revenus les plus élevés (de un point pour les revenus de plus de 120.000 euros par an et deux points pour plus de 175.000 euros).
Pour la numéro deux du gouvernement, Maria Teresa Fernandez de la Vega, le budget est certes marqué par "l'austérité", mais il est aussi placé sous le signe de la "reprise", de la "stabilité" et de la "confiance".
Le retour de la croissance (le gouvernement table sur -0,3% en 2010 puis +1,3% en 2011) ne sera toutefois pas suffisant pour faire baisser significativement le taux de chômage, qui est le plus élevé de la zone euro.
Après avoir touché un plancher historique sous les 8% à l'été 2007, le taux de chômage espagnol a enregistré une accélération vertigineuse et s'est établi à 20,09% au deuxième trimestre, selon l'Institut national de la statistique (Ine).
"La reprise de l'emploi est plus lente que ce que nous souhaiterions", a reconnu Mme Salgado.
Le gouvernement table désormais sur un taux de 19,3% en 2011, contre 18,9% auparavant. Il avait déjà effectué une première révision fin mai, passant de 18,4% à 18,9%.
Mme Salgado n'a pas fourni d'autre actualisation concernant les prévisions de chômage du gouvernement, qui tablait en mai sur 19,4% en 2010, 17,5% en 2012 et 16,2% en 2013.
Le ministre du Travail Celestino Corbacho a prévenu récemment qu'il faudrait "trois ou quatre ans" à l'Espagne "pour revenir à un taux de chômage d'avant la crise si les choses ne tournent pas mal".
Ce projet de budget doit encore être approuvé jeudi prochain en première lecture par le Parlement, mais les socialistes - qui ne disposent que d'une majorité relative - sont quasiment sûrs d'obtenir un feu vert, après avoir noué mercredi un accord avec le Parti nationaliste Basque (PNV).
Ce dernier a accepté d'apporter ses voix, obtenant en échange le transfert au gouvernement autonome basque (où les socialistes sont au pouvoir), à partir de 2011, des politiques actives de l'emploi, ce qui s'accompagne d'un transfert de budget de 472 millions d'euros par an.
Un échec du gouvernement à faire voter le budget avant la fin de l'année aurait pu entraîner sa chute et provoquer de nouvelles élections, à un moment où l'Espagne tente de rassurer les investisseurs sur son économie.