Le président américain Barack Obama a insisté jeudi auprès de la Chine pour qu'elle cesse de sous-évaluer sa monnaie, la Maison Blanche s'affirmant "déçue" des mesures prises jusqu'ici par Pékin dans ce dossier qui empoisonne la relation entre les deux pays.
Lors d'une rencontre en marge de l'assemblée générale de l'ONU à New York, M. Obama et le Premier ministre chinois Wen Jiabao ont surtout parlé des questions économiques, a révélé lors d'une conférence de presse Jeff Bader, le principal conseiller de M. Obama pour l'Extrême-Orient.
Le taux de change de la monnaie chinoise, le yuan, est un sujet de contentieux entre la Chine et ses partenaires commerciaux, à commencer par les Etats-Unis, qui le jugent fortement sous-évalué en regard du poids économique de la Chine.
Cette sous-évaluation, estiment-ils, entraîne des distorsions du commerce international, permettant à la Chine de vendre ses produits à bas prix et d'être ainsi devenue l'an dernier le premier exportateur mondial.
Confronté à un chômage élevé qui pèse de plus en plus sur sa popularité et son bilan, M. Obama veut doubler les exportations de son pays d'ici à cinq ans pour relancer l'industrie américaine, qui souffre notamment de la concurrence des produits chinois.
Jeudi, M. Obama a signifié à M. Wen que ce dossier constituait "le problème le plus important" dont ils devaient parler, selon M. Bader, précisant qu'il y avait eu "une longue discussion sur les conséquences et les implications politiques de cette question".
M. Obama a demandé à la Chine "d'en faire plus que ce qu'elle a déjà fait" pour rééquilibrer le marché des changes, a expliqué le conseiller.
Le 19 juin, cherchant apparemment à désamorcer les critiques avant les sommets du G8 et G20 au Canada, la banque centrale de Chine s'était prononcée pour un renforcement de la flexibilité du taux de change du yuan, une décision alors saluée par les Occidentaux.
Mais le yuan ne s'est apprécié que de 1,6% par rapport au dollar depuis lors.
"Nous avons été déçus de voir qu'il n'y avait pas eu tellement de mouvement", a constaté M. Bader, en déplorant que cet état de fait "ait eu des conséquences sur l'économie mondiale et l'économie américaine".
Le conseiller a toutefois "espéré une réévaluation plus rapide et importante (du yuan) dans les mois à venir".
La partie chinoise n'a pas réagi dans l'immédiat à ces propos, mais mardi, M. Wen avait affirmé devant des entrepreneurs à New York qu'il n'y avait "pas de raison pour une appréciation drastique" de la devise.
"Si le yuan s'apprécie de 20 à 40% comme le demande le gouvernement américain, nous ne savons pas combien d'entreprises chinoises vont faire faillite, combien de travailleurs chinois seront licenciés et combien de ruraux retourneront chez eux et il y aura des troubles importants dans la société chinoise", avait-il affirmé.
M. Obama avait promis lundi de continuer à faire pression sur la Chine pour qu'elle laisse sa monnaie s'apprécier, alors que son taux de change reste encore très contrôlé. "C'est une affaire de réciprocité", avait-il estimé.
Lors de leur rencontre jeudi, MM. Wen et Obama ont aussi évoqué devant la presse leur coopération sur les questions économiques internationales, le réchauffement climatique et la non-prolifération nucléaire.
M. Wen a dit s'être rendu à New York "dans un esprit de coopération", tandis que M. Obama a parlé de "respect mutuel" sino-américain, ainsi que des efforts de la Chine pour stabiliser l'économie mondiale après la crise.