Le ministre britannique du Commerce Vincent Cable s'en est vivement pris mercredi aux banques et aux "filous" ayant empoché des bonus astronomiques, estimant en outre qu'il était temps de moraliser le "monde trouble" des entreprises cotées en Bourse.
Dans un discours à Liverpool (nord-ouest de l'Angleterre) devant le congrès du parti libéral-démocrate, dont il est membre, M. Cable a poursuivi la croisade qu'il mène contre les excès du capitalisme depuis le déclenchement de la crise financière, sans baisser de ton depuis son entrée au gouvernement de coalition conduit par le conservateur David Cameron.
"Sur les banques, je ne ne m'excuserai pas d'avoir attaqué les filous et les parieurs qui ont fait tant de mal à l'économie britannique", a lancé sous les les applaudissements M. Cable, également en charge des entreprises au sein du gouvernement.
Il a de nouveau fustigé ceux "qui se sont octroyés des bonus scandaleux grâce à la garantie du contribuable", plusieurs banques britanniques ayant dû être sauvées par l'Etat en 2008 à coup de dizaines de milliards de livres.
"Il y a beaucoup de colère dans l'opinion au sujet des banques et c'est mérité", a-t-il assuré.
Le discours de M. Cable était attendu avec d'autant plus d'intérêt que les milieux politiques scrutent les failles qui pourraient apparaître entre conservateurs et libéraux-démocrates. De l'avis général, les premiers désaccords pourraient intervenir sur la répartition des prochaines coupes budgétaires et sur les mesures de régulation attendues à l'égard des banques.
M. Cable, 67 ans, a tenu à assurer qu'il était "favorable à l'entreprise privée". Il a aussi vivement critiqué la gestion de la crise par le précédent gouvernement travailliste.
Mais il a reproché aux marchés d'être "irrationnels et biaisés". Il a dit vouloir "placer une lumière crue sur le monde troubles des entreprises cotées", à la merci "d'investisseurs à courte vue" et de dirigeants "parfois prêts à oublier leur devoir lorsqu'on leur agite un chèque sous les yeux".
Le ministre a aussi espéré que la coalition au pouvoir soit "plus juste et efficace" en matière de fiscalité que ne l'ont été les travaillistes.
Aucun dirigeant conservateur de premier plan n'avait réagi dans l'après-midi au discours de M. Cable.
Plusieurs dirigeants patronaux l'ont en revanche vivement critiqué.
Le numéro un du patronat, Richard Lambert, lui a reproché de "se laisser emporter par l'émotion". "M. Cable a des commentaires assez durs sur le capitalisme. Il serait intéressant de connaître ses idées pour un système alternatif", a-t-il ajouté.
Son prédécesseur et ancien membre du gouvernement travailliste, Lord Digby Jones, a estimé "qu'un ministre ne devait pas se comporter comme un agitateur".
Economiste de formation, connu pour ses formules qui font mouche, M. Cable bénéficie d'une certaine aura pour avoir prédit la crise du crédit plusieurs mois avant qu'elle ne survienne en 2007, mettant publiquement en garde contre la montée de l'endettement public et privé et la hausse vertigineuse des prix immobiliers.