Le chiffre officiel du chômage qui sera publié le 8 octobre aux Etats-Unis pourrait avoir un effet déterminant sur le résultat des élections de mi-mandat, en dépit de son caractère instantané et imparfait.
Le département du Travail doit publier ce jour-là son rapport mensuel sur l'emploi, un des indicateurs économiques américains les plus suivis aux Etats-Unis, mais aussi dans le monde, comme en témoignent les mouvements qu'entraîne souvent la parution de ce document sur les Bourses de la planète.
Les économistes s'intéressent habituellement plus au nombre des emplois créés ou détruits révélé par ce rapport qu'au taux de chômage.
Cette donnée est perçue en effet comme l'un des meilleurs indicateurs de la vitalité ou au contraire des difficultés du moment de la première économie mondiale, le taux de chômage évoluant souvent avec retard par rapport à la conjoncture.
Mais en période électorale, c'est l'évolution du chômage qui risque de focaliser l'attention.
Celui-ci était officiellement de 9,6% fin août. Le chiffre pour septembre, qui sera publié le 8 octobre, sera la dernière estimation du chômage publiée avant le scrutin du 2 novembre pour lequel l'opposition républicaine fait figure de favorite.
Si le taux monte, cela pourrait faciliter considérablement la tâche des républicains et leur permettre de prendre le contrôle de la Chambre des représentants, ce qui entraverait presque totalement l'action du gouvernement.
Si au contraire, le taux recule, cela pourrait aider le président américain Barack Obama à convaincre du bien-fondé de sa politique économique et permettre ainsi aux démocrates de conserver le contrôle du Sénat et de la Chambre.
Au-delà de la réaction épidermique à la publication du chiffre, le défi le plus important reste son interprétation.
Une montée du chômage pourrait en effet signifier en fait un regain de confiance dans la reprise, précipitant sur le marché du travail des chômeurs découragés qui n'étaient jusque-là plus comptabilisés dans le taux de chômage.
A l'inverse, une baisse du taux peut être provoquée par une montée du sentiment de découragement chez des personnes au chômage depuis longtemps et qui, ne cherchant plus activement de travail, sont sorties du décompte du ministère.
La valeur intrinsèque des chiffres doit aussi être considérée avec attention. L'échantillon statistique permettant au département du Travail d'établir le taux de chômage est au moins deux fois moins important, rapporté au total de la population, que celui utilisé par l'Insee, le bureau des statistiques français, pour son enquête trimestrielle sur le chômage.
L'Insee estime la marge d'erreur de son enquête à plus ou moins 0,4 point de pourcentage.
De plus, le rapport sur l'emploi regorgeant de chiffres, il est aisé pour chaque camp d'en trouver un qui illustre ses théories.
"Il y a toujours des contradictions dans les chiffres", indique à l'AFP Zach Pandl, économiste de la maison de courtage japonaise Nomura Securities.
Pour être vraiment honnête, il faut replacer le chiffre d'un jour dans le contexte de tous les autres indicateurs, rappelle Lyle Gramley, ancien gouverneur à la banque centrale.
"Le rapport sur l'emploi [...] est composé de différentes parties qui doivent être interprétées différemment", déclare-t-il à l'AFP, regrettant que le public puisse être facilement trompé, n'ayant "pas franchement, d'une manière générale, une connaissance poussée des indicateurs" économiques.