Le chef du gouvernement socialiste espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a assuré vendredi que l'Espagne "n'aura(it) pas besoin" d'un nouveau plan de rigueur pour réduire comme prévu son déficit public, défendant aussi les récents allègements apportés à sa cure d'austérité.
Interrogé sur la radio privée Cadena Ser sur l'éventualité de nouvelles mesures de rigueur dans les prochains mois, M. Zapatero a répondu: "il n'y en aura pas besoin (...). Nous n'avons prévu aucun plan d'économies" supplémentaire, a-t-il insisté.
"La situation s'est améliorée" par rapport au printemps, a-t-il estimé. "La tension sur la dette espagnole s'est réduite de manière notable, (...), nos banques peuvent de nouveau émettre" des obligations pour se financer.
M. Zapatero a également défendu les récents revirements du gouvernement, qui a allégé voire annulé des mesures d'austérité précédemment annoncées: "ce n'est pas une rectification, c'est une réponse à une amélioration" de la situation, a-t-il plaidé.
Le gouvernement espagnol a semblé osciller ces dernières semaines entre une implacable politique de rigueur, pour atteindre les objectifs de réduction du déficit public, et des allègements, pour ne pas étouffer la reprise économique encore fragile (+0,1% au premier trimestre, +0,2% au deuxième).
Ainsi, il a annoncé le 22 juillet une baisse du budget de l'Equipement de 6,4 milliards d'euros pour 2010 et 2011, entraînant notamment le gel pour un à quatre ans de 199 travaux routiers, autoroutiers et de chemins de fer.
Mais le 26 août, il a finalement allégé de 700 millions d'euros cette cure d'austérité, permettant le maintien de 49 travaux d'infrastructures.
De même, il a adouci cette semaine la discipline budgétaire pour les municipalités les plus vertueuses, autorisant désormais les villes ayant une dette inférieure à 75% de leurs recettes annuelles à emprunter à partir de 2011, alors que les mesures d'austérité prises au premier semestre leur interdisaient de recourir à l'emprunt.
Ces ajustements pourraient raviver la méfiance des marchés sur la détermination de Madrid à tenir ses engagements de réduction des déficits. Ainsi le différentiel entre le rendement de l'obligation espagnole à 10 ans et le Bund allemand restait à un niveau élevé vendredi matin, à 172 points.
"Le gouvernement n'avance pas avec un GPS fixe", a expliqué M. Zapatero. Ce serait "absurde" de ne pas s'"adapter aux circonstances. J'espère qu'elle vont continuer de s'améliorer et que nous aurons une marge plus importante pour alléger les coupes (budgétaires) que nous avons faites", a-t-il déclaré.
Les derniers chiffres du ministère de l'Economie montrent une nette tendance à la réduction pour le déficit de l'Etat grâce aux économies réalisées et à la remontée des recettes fiscales.
Le chef de l'exécutif avait annoncé fin juillet que le budget 2011 du pays serait "restrictif et austère", comportant une réduction moyenne des dépenses des ministères de 15%.
Il avait déjà dû présenter deux plans d'économies au premier semestre, afin de réduire le déficit des comptes publics qui avait explosé à 11,2% du PIB en 2009. Le gouvernement espagnol s'est fixé comme objectif d'atteindre un déficit à 6% en 2011, puis 3% en 2013.