Le prix des cigarettes pourrait une nouvelle fois augmenter, de 6% en novembre, au terme, selon Le Figaro, d'échanges entre le gouvernement, soucieux de santé et de finances publiques, et les industriels, mais ni les uns ni les autres n'ont confirmé l'information.
Selon le quotidien "le principe (de la hausse) a été arrêté fin août après des échanges entre Bercy, qui contrôle la vente de tabac en France, et les industriels du secteur".
Le ministre de l'Economie, Christine Lagarde, n'a pas confirmé, précisant seulement sur Radio Classique que "c'est une question sur laquelle (elle n'est) pas habilitée à trancher".
"Il y a des discussions avec l'administration", reconnaît le porte-parole de Japan Tobacco International, l'un des fabricants, mais "rien n'est encore acté", souligne-t-il.
La précédente hausse, également de 6%, date de novembre 2009.
Ces discussions sont habituelles, confirment les autres industriels, surtout à cette période de l'année. Si le prix des cigarettes est officiellement libre en France, il dépend surtout des "minima de perception", le plancher de taxe collecté pour 1.000 cigarettes, voté chaque année à l'automne lors de l'examen du budget de la Sécu.
Selon Le Figaro, la hausse des prix passerait par une augmentation de ces minima, actuellement fixés à 164 euros (soit près de 3,30 euros pour 20 cigarettes), ce qui obligerait les fabricants à ne plus vendre de paquets à moins de 5,40 euros, au lieu de 5,10 actuellement.
Si ces derniers veulent conserver leur marge et leur éventail de prix entre les différentes marques, ils devront augmenter tous leurs paquets de 30 centimes.
"Tout concourt à ce qu'il y ait une augmentation du prix des cigarettes", admet un proche du dossier sous couvert d'anonymat : "la santé publique, les 400 à 500 millions d'euros qu'une telle hausse rapportera à l'Etat. En plus, on est encore loin des échéances électorales de 2012."
Pour les 28.000 buralistes, cette probable hausse des prix est une mauvaise nouvelle. "Toute augmentation des prix nous fait craindre un recours accru au marché parallèle", réagit Pascal Montredon, président de la confédération des buralistes, qui estime que 18 à 20% des cigarettes fumées en France sont achetées à l'étranger, sur internet ou sous le manteau.
Il estime qu'avant les hausses spectaculaires (+ 40%) intervenues en 2003 et 2004, "entre 2 et 3%" de la consommation française venait de la contrebande ou la contrefaçon.
Il demandera le 16 septembre, lors du congrès annuel de la confédération auquel doit assister François Baroin, ministre du Budget, une étude officielle sur le marché parallèle.
Pour le Comité national contre le tabagisme (CNCT), une hausse de 6% resterait "insuffisante pour modifier le comportement" des fumeurs. Il faut l'augmenter d'au moins 10%, si on vise un objectif de santé publique, estime son président, le Pr Yves Martinet.
"Six pour cent (...) répond aux préoccupations de santé publique sans trop déstabiliser le marché", selon une autre source.
Autrement dit : une telle augmentation de prix ne devrait pas faire sensiblement baisser les ventes. Et la petite baisse attendue sera compensée, pour les industriels, par la hausse des prix.
L'Etat perçoit 80% du produit de la vente du tabac, les buralistes 8%. Les fabricants et le distributeur se partagent le reste.