Le projet de gazoduc russe South Stream "n'est pas dans l'intérêt" politique de l'Europe et "ne fait aucun sens" économique, a estimé jeudi l'ancien ministre allemand Joschka Fischer, conseiller du projet concurrent européen Nabucco.
"South Stream est la réponse des Russes au projet Nabucco. Il n'apporte toutefois aucune diversification des sources (de gaz) à l'Europe", explique M. Fischer, ancien ministre Verts des Affaires étrangères, reconverti dans le lobbying politique pour le projet Nabucco, dans une interview au Handelsblatt.
"Economiquement, South Stream ne fait aucun sens. Politiquement, le projet n'est pas dans l'intérêt de l'Europe", a-t-il ajouté.
M. Fischer n'a pas par ailleurs voulu confirmer que la décision définitive de construire Nabucco sera arrêtée d'ici la fin de l'année, soulignant que les dates ne "devaient pas être gravées dans le marbre".
L'Europe et la Russie rivalisent pour accéder aux vastes ressources en mer Caspienne de l'Azerbaïdjan, pays situé entre l'Iran et la Russie, qui s'est tourné vers l'Occident depuis la chute de l'URSS.
Nabucco doit acheminer à partir de 2013 le gaz de la mer Caspienne à l'Europe en transitant par la Turquie, pour réduire la dépendance européenne vis-à-vis du gaz russe. Il fait directement concurrence au projet russe de gazoduc South Stream, et il est régulièrement critiqué par Moscou.
La semaine dernière, la Russie avait conclu des accords pour doubler ses achats de gaz à l'Azerbaïdjan, à l'occasion d'une visite du président Dmitri Medvedev dans ce pays riche en hydrocarbures.
Cet accord permet à la Russie d'étendre ses approvisionnements à cette région de la Caspienne et il risque, à terme, de priver Nabucco d'une partie du gaz extrait en Azerbaïdjan.