Plusieurs agences de la plus grande banque privée d'Afghanistan, la Kabul Bank, dans plusieurs villes du pays, connaissaient samedi une forte affluence à la suite d'informations parues dans la presse américaine faisant état d'une possible insolvabilité de l'établissement.
De nombreux fonctionnaires faisaient la queue pour toucher leurs salaires, alors que des clients venaient retirer leurs dépôts, ont constaté des correspondants de l'AFP.
Selon le Washington Post, la banque centrale d'Afghanistan aurait décidé de prendre le contrôle de la Kabul Bank, pour éviter la faillite de cet établissement qui verse les salaires de la police et de l'armée.
Selon la presse américaine, l'établissement, dont 7% du capital est détenu par Mahmoud Karzaï, le frère du président afghan Hamid Karzaï, est fragilisé par un scandale de corruption impliquant certains de ses hauts dirigeants.
Réagissant à ces informations, le gouverneur de la Banque centrale d'Afghanistan Abdul Qadir Fitrat a assuré mercredi que son organisme n'avait pas pris le contrôle de la Kabul Bank. Avec le ministre des Finances Hazrat Omar Zakhailwal, ils ont assuré aux déposants que leur argent étaient en sûreté.
La fermeture des banques vendredi, jour de repos pour les musulmans, a donné un répit aux autorités après un début de panique des clients de la banque.
Assurant qu'elle était solvable, le ministre des Finances a également précisé que 100 millions de dollars avaient été déposés dans la banque pour couvrir le salaire des fonctionnaires qui doivent être payés samedi.
Toutefois, ces assurances ne semblaient pas avoir calmé les craintes des fonctionnaires afghans et des clients de la banque venus nombreux samedi toucher leur solde ou retirer partiellement ou totalement leurs économies.*
A quelques jours de la fête marquant la fin du jeûne du mois de Ramadan où la coutume veut que l'on se fasse des cadeaux, des files d'attente s'étiraient devant les agences de la Kabul Bank tant dans la capitale que dans la ville de commerciale du nord Mazar-I-Sharif ou à Kandahar, dans le sud.
Mohammad, un médecin de 35 ans, a déclaré vouloir retirer 800 dollars sur les 2.500 qu'il a déposés à la Kabul Bank. "La fête approche et j'ai besoin de liquide", dit-il, ajoutant qu'il ne pensait pas que la banque "ferait faillite".
Gul Mohammad, un client attendant son tour devant le siège central de la banque, veut retirer ses 5.000 dollars et fermer son compte.
"J'ai entendu dire que le gouvernement allait résoudre les problèmes de la banque, mais je me méfie", a-t-il confié à l'AFP.
A Mazar-I-Sharif, un homme, Mahommad Shafi, a déclaré à l'AFP vouloir vider son compte qui contient 600.000 dollars. "Je suis déjà venu trois fois, parce que la banque refusait de me fournir la totalité de la somme d'un coup", a-t-il précisé.
A Kandahar Mohammad Nadir, 35 ans, affirme "n'avoir pas fermé l'oeil de la nuit. J'ai 10.000 dollars à la banque et c'est tout ce que je possède", dit-il.
Selon le Washington Post, une crise de liquidité de la banque pourrait déstabiliser le système financier du pays et compromettre de ce fait les efforts tendant à réduire la rébellion menée par les Talibans depuis neuf ans.
Dans une déclaration à l'AFP, le porte-parole du ministère des Finances Aziz Shams s'est voulu rassurant: "Il n'y a pas de véritable problème dans cette banque. Nous la soutenons et nous ne craignons pas qu'elle s'effondre", a-t-il affirmé.