La zone euro a connu un net rebond de sa croissance économique au deuxième trimestre, à 1%, tiré par les bonnes performances de l'Allemagne, selon une deuxième estimation publiée jeudi, mais les économistes craignent que l'embellie soit de courte durée.
L'office statistique européen Eurostat a confirmé sa première estimation, publiée le 13 août.
C'est une nette accélération par rapport au premier trimestre, où les seize pays partageant l'euro avaient enregistré une croissance faible du Produit intérieur brut (PIB), de 0,3%, après 0,2% au quatrième trimestre 2009, selon les chiffres légèrement revus en hausse par Eurostat.
L'institut statistique donnait jusqu'ici une croissance de 0,1% au quatrième trimestre, et de 0,2% au premier trimestre 2010.
C'est le quatrième trimestre consécutif de croissance depuis que la zone euro est sortie de la récession, au troisième trimestre 2009.
Les données du trimestre "dressent un tableau relativement encourageant", a commenté l'économiste Ben May, de Capital Economics. Il souligne que le détail des composantes de la croissance "a montré qu'elle avait une assise large".
Les investissements ont bondi de 1,8%, contribuant pour 0,3 point à la croissance, et la consommation a crû de 0,5% (contribuant pour 0,3 point), indique l'institut statistique, qui ne donnait pas jusqu'ici ces composantes.
La variation des stocks a contribué pour 0,2 point à la croissance.
Les exportations, qui ont progressé de 4,4%, ont eu un effet positif de 1,7 point sur la variation du PIB. Mais dans le même temps, les importations, qui ont augmenté de 4,4% également, ont eu un impact négatif de 1,6 point, contrebalançant cet effet.
Au sein des principales économies de la zone euro, le rebond du deuxième trimestre doit beaucoup à la performance de l'Allemagne, première économie de la zone euro, qui a enregistré sa plus forte croissance depuis la réunification du pays en 1990, à 2,2%.
Le PIB a progressé de 0,6% en France, de 0,4% en Italie et de seulement 0,2% en Espagne.
Comparé au deuxième trimestre 2009, le PIB de la zone euro a augmenté de 1,9%, soit légèrement mieux que prévu par Eurostat dans sa première estimation (+1,7%).
Pour l'ensemble des 27 pays de l'Union européenne, Eurostat a confirmé sa précédente estimation d'une croissance de 1% par rapport au trimestre précédent.
La "bonne performance" du deuxième trimestre "est due principalement à l'Allemagne", souligne Clemente De Lucia, chez BNP Paribas, qui estime que "la locomotive allemande" devrait "probablement ralentir au cours des prochains trimestres".
Malgré les bons chiffres, les économistes craignent en effet un essoufflement de la croissance vers la fin de l'année, sur fond de plans d'austérité budgétaire et d'un ralentissement attendu de la croissance mondiale.
"Il y a toujours des raisons d'être prudents sur les perspectives", estime Ben May, car "la reprise devrait ralentir avec l'intensification de l'impact du resserrement budgétaire sur l'activité et l'effet de la détérioration des perspectives mondiales sur les exportations".
"La reprise dans la zone euro devrait perdre de son élan au cours des mois à venir en raison de sérieux vents contraires", a renchéri Howard Archer, économiste à l'institut IHS Global Insight.