Une cinquantaine de salariés de Manpower France ont occupé mardi le siège du groupe d'intérim à Nanterre (Hauts-de-Seine) pour dénoncer des conditions de travail dégradées et le projet prêté à la direction de supprimer les comités d'établissement.
Les salariés, réunis à l'appel des syndicats FO et CGT, se sont rassemblés vers 7H dans l'établissement munis d'une banderole "Patrons, salariés, même Justice. Négociations, droits syndicaux bafoués", de fanions syndicaux et de vuvuzelas, a constaté un journaliste de l'AFP.
Selon un communiqué de la fédération CGT Intérim, les salariés de Manpower France vivent au rythme des "pressions, licenciements et démissions forcées".
Fin 2008, Manpower France employait 4.360 salariés permanents. Un plan de réorganisation interne a alors été engagée en réponse à la chute de l'activité avec la crise, passant par la réduction drastique du nombre de CDD et le remplacement de seulement trois départs à la retraite sur quatre.
Conséquence, selon les manifestants, les conditions de travail se sont dégradées au point que la CGT Intérim compare la situation à celle de France Télécom, dont la gestion des ressources humaines a été mise en cause après des suicides de salariés.
La situation se double, selon la CGT, d'"atteintes au droit syndical".
"La direction veut supprimer cinq des sept comités (d'établissement, ndlr). Si on les supprime, les salariés seront moins bien défendus, car ils seront isolés", a affirmé à l'AFP Martial Lamachia, secrétaire général CGT, dénonçant une décision destinée à "bâillonner les droits du personnel".
"Les comités d'établissements gèrent les activités sociales et culturelles des salariés et ont un rôle important dans l'activité économique de l'entreprise. Ils sont indispensables", a-t-il martelé, assurant que les manifestants ne partiraient pas "sans un protocole d'accord signé par la direction".
Contacté par l'AFP, Jean-François Denoy, directeur des ressources humaines de Manpower France, a affirmé qu'"à ce stade, rien n'a été modifié sur le plan de l'organisation interne de l'entreprise".
"Nous sommes en discussion pour préparer les élections des représentants du personnel en avril 2011", a-t-il souligné.
"Nous sortons à peine d'une crise majeure qui a affecté très fortement les intérimaires, nous devons tenir compte de l'évolution des marchés pour nous organiser le mieux possible", a également fait valoir M. Denoy.
Manpower France, qui a enregistré en 2009 un chiffre d?affaires consolidé de 3,34 milliards d?euros, comptait 4.024 salariés en CDI à la fin 2009.
Le marché de l'intérim est dominé par trois grandes enseignes dont Manpower. Adecco, numéro un du secteur, a supprimé des postes en 2009, comme Ranstad/Vedior.
Le projet prêté à la direction de supprimer des comités d'établissement fait écho aux réflexions du patronat sur les instances représentatives du personnel, dont les dirigeants estiment qu'elles génèrent trop d'obligations voire entravent la marche des entreprises, ce qui fait bondir les syndicats.
Une délibération syndicats-patronat est en cours depuis l'automne 2009 sur le sujet.