
Avec la prolifération des appareils électroniques et l'accélération de leur renouvellement, 20 à 50 millions de tonnes de déchets électroniques sont aujourd'hui produits chaque année dans le monde. Cependant leur recyclage est loin d'être assuré dans des conditions optimales, notamment du fait de l'existence de filières parallèles.
Où finissent les 20 à 50 millions de tonnes de déchets produites chaque année par NOS ordinateurs, téléphones, frigos et autres appareils ménagers usagés ? Pas toujours dans la bonne filière visiblement. Alors qu’une directive européenne a permis, en 2005, la mise en place de structures de recyclage, des marchés parallèles de retraitement ou d’exportations vers les pays d’Afrique et d’Asie subsistent encore. En France par exemple, moins de 30 % des 371 000 tonnes de déchets électroniques produits chaque année sont récupérés par les éco-organismes officiels…Le reste est recyclé par des ferrailleurs, abandonné, pillé ou envoyé dans les pays émergents comme on a pu le voir en juin dernier avec le démantèlement d’un réseau d’exportation illégal dans la Marne (D3E recyclage) …En Allemagne, le phénomène a pris des proportions inquiétantes : selon les chercheurs de l’Institut Okopol de Hambourg, 155 000 tonnes de déchets prendraient ainsi la direction de l’Asie ou de l’Afrique.
Des pays qui doivent, en outre, faire face à la croissance exponentielle de leurs propres DEEE. Dans son rapport « Recycling- from E-waste to resources » paru en février 2010, le PNUE prévoit de fait une très forte augmentation du tonnage des déchets dans les pays émergents…La Chine produit ainsi 2,3 millions de tonnes de déchets électroniques, juste un peu moins que les Etats-Unis qui en produisent 3 millions. En Inde, d’ici 2020, les décharges devraient recevoir 5 fois plus d’ordinateurs et 18 fois plus d’ordinateurs portables que ceux que le pays recevait en 2007. Mais pour retraiter ces déchets, à la fois précieux (ils renferment de l’or ou de l’argent) et toxiques (ils contiennent aussi du cadmium, du plomb et du mercure), la plupart des 25 000 Indiens qui s’en chargent ne sont pas suffisamment bien équipés et sont donc vulnérables aux inhalations toxiques. Sans parler des effets dévastateurs pour l’environnement… Une situation préoccupante que le gouvernement indien essaye de contrôler en durcissant les conditions d’importations des D3E et en organisant une filière de recyclage propre et sécurisée. Des initiatives qu’encourage le PNUE car « s’'ils agissent maintenant et s'ils planifient efficacement, plusieurs pays peuvent transformer ce défi en une opportunité », déclarait son directeur Achim Steiner, lors de la remise du rapport. D’autant que derrière plane la menace de la raréfaction des métaux nécessaires à la fabrication des appareils électroniques, rendant plus précieux encore leur recyclage.