L'indice nikkei de la Bourse de Tokyo perdait encore 2,02% jeudi à la pause de la mi-journée, affichant un recul de 187,65 points pour tomber à 9.105,20 points, à cause de la cherté du yen, devise qui a atteint mercredi son plus haut niveau en plus de 15 ans face au dollar.
L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau de la place tokyoïte cédait pour sa part 15,88 points (-1,90%) pour descendre à 818,57 points.
La monnaie japonaise est repartie à la hausse depuis mercredi face au dollar et à l'euro, à la suite des décisions et déclarations de la Réserve fédérale américaine (Fed), laquelle a reconnu que le rythme de la reprise aux Etats-Unis avait ralenti, ce qui conduit les investisseurs à se défaire du billet vert.
"Le yen constitue un refuge du fait des inquiétudes au sujet des économies américaine et européenne", a confirmé un courtier de Mitsubishi UFJ Trust and Banking, Hideaki Inoue.
Alors que la place tokyoïte est peu active, en raison de la période de recueillement spirituel dite d'Obon en fin de semaine, les investisseurs ont tendance à adopter une posture prudente et attentiste, a-t-il en outre remarqué.
Le dollar est selon lui encore sous pression avant la publication vendredi de statistiques aux Etats-Unis, sur les ventes au détail et l'inflation.
Le billet vert oscillait autour de 85 yens jeudi midi à Tokyo, contre 85,30 yens la veille au moment de la clôture de la Bourse. Il a même chuté entre-temps au plus bas depuis juillet 1995, à 84,72 yens.
Le cours actuel très élevé du yen pénalise les entreprises exportatrices japonaises, incitant les actionnaires à vendre leurs titres, de peur de mauvaises performances financières.
Les milieux d'affaires et autorités japonaises s'inquiètent ouvertement des risques que fait courir la hausse du yen sur la santé économique du Japon mais, selon les analystes, leurs marges de manoeuvres directes sont limitées.
Une intervention unilatérale du Japon sur le marché des changes pour faire remonter le dollar et baisser le yen paraît à beaucoup improbable, même si le ministre japonais des Finances, Yoshihiko Noda, reste muet sur ce point, tout en répétant chaque jour qu'il "suit avec une extrême attention l'évolution du cours du yen".
"La possibilité d'une intervention n'est pas totalement nulle, mais les chances sont faibles", a acquiescé M. Inoue. Il souligne que le Japon peut difficilement mener une action de ce type alors qu'il a à plusieurs reprises demandé à la Chine de laisser le niveau des devises évoluer librement. Le Japon n'est pas intervenu sur le marché des changes pour faire baisser le yen depuis mars 2004.
Par ailleurs, le ministre nippon de l'Economie, du Commerce et de l'Indutrie, Masayuki Naoshima, a indiqué que son administration allait s'entretenir avec des responsables de quelque 200 entreprises japonaises pour mesurer les conséquences de la hausse du yen sur leurs activités.
Les sociétés exportatrices qui ont établi leur budget et bâti leur stratégie commerciale en prenant en compte un cours du yen plus favorable sont prises au piège. Elles voient tant leurs revenus que leur compétitivité se dégrader.
"En fonction des résultats de cette étude, le gouvernement et la Banque du Japon vont fermement coopérer", pour adopter l'attitude qui sied, a commenté le ministre Naoshima, réitérant le souhait déjà exprimé par son collègue des Finances.