
Les chiffres de l'emploi américains publiés vendredi se sont révélés bien plus mauvais que prévu, témoignant de nouvelles destructions de postes massives et du peu de dynamisme du secteur privé.
A quelques mois des élections de mi-mandat de novembre, l'opposition en a profité pour critiquer le bilan économique du président Barack Obama, appelant celui-ci à "admettre que sa politique de 'relance' ne fonctionne pas", selon le mot de John Boehner, chef des républicains à la Chambre.
La Maison Blanche a cherché pour sa part à se montrer rassurante, affirmant ne pas craindre "une rechute de l'économie américaine dans la récession", et a exhorté le Congrès à adopter les mesures de relance supplémentaires proposées par le gouvernement.
Selon le rapport mensuel du département du Travail, l'économie a détruit 131.000 postes de plus qu'elle n'en a créés en juillet, alors que les analystes attendaient un solde négatif de 87.000 seulement.
Les pertes d'emplois nettes ont reculé de près de 41% par rapport à juin, ce qui n'est guère une bonne nouvelle puisque le ministère a revu en très forte hausse son estimation des emplois détruits ce mois-là.
Comme en juin, les pertes d'emplois ont été tirées par le secteur public, du fait du non-renouvellement du contrat de 143.000 personnes embauchées à titre temporaire pour le recensement décennal.
Objet de toutes les attentions, le secteur privé n'a créé que 71.000 emplois en juillet, selon le rapport officiel, soit moins que ne le prévoyaient les analystes.

La moyenne des créations d'emplois du privé a chuté à 41.000 par mois de mai à juillet, contre 153.000 pour la période de février à avril.
Néanmoins, l'emploi progresse dans le privé "depuis sept mois", a rappelé M. Obama, reconnaissant que les progrès devaient aller "plus vite".
Pour Sal Guatieri, économiste de BMO Capital Markets, "la reprise ultra-lente du marché du travail américain continue".
Malgré les mauvais chiffres de juillet, le taux de chômage est resté stable à 9,5%, alors que les analystes s'attendaient à ce qu'il remonte à 9,6%. Ce n'est une bonne nouvelle qu'en apparence: le maintien du taux résulte d'une baisse de la population active, indique le ministère.
"Cela montre que les gens n'ont pas confiance dans l'avenir", note l'économiste Joel Naroff.
Les chiffres de l'emploi ont contribué à faire baisser les Bourses européennes ainsi que Wall Street et ils pourraient pousser la banque centrale américaine (Fed) à annoncer de nouvelles mesures de soutien à l'économie lors de sa réunion de politique monétaire prévue pour mardi.
Cela dépendra cependant de l'opinion que se font les membres de son Comité de politique monétaire (FOMC) de l'état général de la reprise, à savoir s'ils considèrent ou non que les derniers chiffres de l'emploi remettent en cause le scénario correspondant à leur prévision d'une croissance molle, lente et sujette à des à-coups.
Selon les chiffres officiels, la hausse du PIB a ralenti fortement au deuxième trimestre, à 2,4% seulement (en rythme annuel). Or le marché du travail est une des clef de la reprise, car seules les créations d'emplois peuvent fournir aux Américains les ressources supplémentaires leur permettant d'accroître leur consommation, moteur traditionnel de l'économie du pays.
Pour Nigel Gault, économiste du cabinet IHS Global Insight, les chiffres de l'emploi "intensifient la pression sur le gouvernement et sur la Fed [...] pour qu'ils ravivent la croissance".