La Grèce a passé avec succès jeudi un premier test de contrôle de ses comptes par l'UE et le FMI, après trois mois d'application d'un plan de rigueur sans précédent, mais "des enjeux" restent encore à surmonter, selon ces deux institutions internationales.
Après avoir conclu jeudi une visite de deux semaines à Athènes, un groupe d'experts de l'Union européenne (UE), du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque centrale européenne (BCE) a indiqué que l'économie du pays avait effectué "des progrès considérables" mais qu'il lui restait des "défis importants" à surmonter.
Ce contrôle des comptes vise à évaluer l'application des mesures d'austérité, adoptées par le gouvernement socialiste en mai en échange d'un prêt de 110 milliards d'euros sur trois ans par les pays de la zone euro et le FMI et dont un premier versement de 20 milliards avait déjà été effectué.
Un deuxième versement de neuf milliards d'euros doit être débloqué d'ici la mi-septembre.
Le ministre de l'Economie, Georges Papaconstantinou, s'est dit confiant dans "le versement de la deuxième tranche du prêt, après l'évaluation positive du contrôle des comptes", par les experts de l'UE et du FMI.
Il a également souligné que le gouvernement continuerait "avec le même rythme ses efforts" pour redresser l'économie.
Présidé par Poul Thomsen, directeur de la mission UE-FMI, Servaas Deroose représentant de la Commission européenne et Klaus Masuch, directeur du département des pays de l'UE de la BCE, les experts ont souligné que le plan de rigueur "se réalisait d'une manière dynamique" surtout dans les domaines "de réduction des dépenses publiques", "de réformes structurelles, comme celle des retraites" et de la consolidation des banques.
Toutefois, ils ont tiré la sonnette d'alarme pour des secteurs de l'économie qui restent "à risque", comme le secteur énergétique, se référant implicitement à la privatisation de l'entreprise publique d'électricité (DEI), détenue à 51% par l'Etat.
Les experts ont également souligné la nécessité de l'assainissement de la situation de l'organisme public des chemins de fer, lourdement endetté (OSE).
Il ont appelé le gouvernement à renforcer le contrôle des dépenses "des autorités locales et des hôpitaux" et la lutte contre "l'évasion fiscale, un problème endémique dans le pays, afin de faire augmenter les recettes fiscales".
Alors que le déficit public du pays a baissé au premier semestre 2010 de 46% sur un an, pour un objectif sur l'année de -40%, les recettes publiques restent encore loin des prévisions budgétaires, selon le gouvernement.
Le groupe d'experts UE-FMI-BCE, surnommé la troïka en Grèce, a par ailleurs indiqué que "la contraction de l'économie grecque atteindrait 4% en 2010 et 2,5% en 2011, comme prévu".
En revanche, le taux d'inflation a été révisé à 4,75% pour 2010, en raison de l'augmentation des taxes indirectes (TVA). Le gouvernement socialiste a initialement prévu une inflation moyenne de 1,9% pour l'ensemble de l'année 2010.
Sur le front de consolidation des banques grecques, le FMI et l'UE se sont dit "satisfaits" de la décision du gouvernement de restructurer les banques avec la création récente du Fonds de stabilité financière.
Après une garantie de 30 milliards d'euros offerte par l'Etat aux banques grecques au cours de ces dernières années pour faire face à la crise, M. Papaconstantinou a indiqué que l'Etat va garantir "des obligations des banques grecques pour une somme supplémentaire de 25 milliards d'euros, soit au total 55 milliards d'euros".