Pour la première fois, un ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, participera mercredi au Conseil des ministres français, une rencontre symbolique pour les deux pays qui sera placée sous le thème de la "gouvernance économique européenne".
M. Schäuble doit y prendre la parole pour une "communication conjointe" avec son homologue française, Christine Lagarde, sur ce sujet qui avait divisé le mois dernier le président Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel. La France militait pour doter la zone euro d'un gouvernement économique qui lui soit propre tandis que l'Allemagne s'y opposait pour éviter une césure en Europe.
Mme Lagarde avait elle-même pris part le 31 mars dernier au Conseil des ministres allemand à Berlin, une première dans l'histoire du gouvernement fédéral qui intervenait après certaines divergences de vues entre les deux pays, en particulier sur l'aide à la Grèce.
Peu de temps avant, la ministre française avait d'ailleurs critiqué le modèle de croissance allemand, trop tourné vers les exportations, selon elle, pour assurer ensuite à Berlin qu'il s'agissait d'un "compliment".
Les gouvernements français et allemand se réunissent environ deux fois l'an à l'occasion de conseils des ministres conjoints. Pour relancer le couple franco-allemand, Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel avaient décidé début février, entre autres mesures, d'ouvrir les réunions de leur gouvernement aux ministres de l'autre pays.
Après le Conseil des ministres, Mme Lagarde et M. Schäuble se retrouveront pour une "réunion de travail bilatérale" à laquelle seront associés les gouverneurs des Banques centrales allemande et française, indique Bercy.
Cette rencontre s'inscrit dans le cadre du Conseil économique et financier franco-allemand (CEFFA), qui se réunit quatre fois par an, tantôt en France, tantôt en Allemagne.
Ce conseil a pour objectif de renforcer la coopération entre les deux pays et d'harmoniser autant que possible leurs politiques économiques respectives. Il examine aussi notamment chaque année, avant leur adoption par les gouvernements et le vote par les Parlements, les grandes lignes des budgets nationaux. Comme il est désormais prévu de le faire au niveau de l'Union européenne, dès 2011...
Les deux ministres, les gouverneurs des Banques centrales et leurs collaborateurs se retrouveront enfin pour un "déjeuner de travail" portant notamment sur la régulation financière, en particulier la création d'une taxe mondiale sur les transactions financières, proposée sans succès par les Européens au dernier sommet du G20 à Toronto (Canada).
Christine Lagarde et Wolfgang Schäuble ont d'ailleurs écrit récemment à leur homologue belge, dont le pays préside l'Union européenne, pour encourager la création d'une telle taxe.
Les Européens s'étaient mis d'accord à la mi-juin pour la défendre au G20 et réfléchissent désormais à l'introduire au seul niveau de l'Union européenne. Mais certains pays, la Grande-Bretagne en tête, sont hostiles à cette idée, car ils craignent que cela n'entraîne des délocalisations des transactions financières vers d'autres régions comme l'Asie.
Les autres grands sujets d'actualité liés à la régulation de la finance internationale devraient également être au menu, notamment les tests de résistance dans 91 grandes banques de l'UE pour évaluer leur capacité à surmonter une nouvelle crise européenne et qui doivent être publiés vendredi.