La SNCF envisage de lancer une offre à bas prix pour affronter l'ouverture à la concurrence du rail en Europe, a annoncé jeudi à l'AFP Barbara Dalibard, directrice de la branche voyages de la compagnie française.
"Nous étudions la faisabilité et la pertinence d'un modèle à bas coûts qui permettrait de rencontrer de nouveaux clients", a-t-elle expliqué lors d'un entretien. "On en est à la période de réflexion", a-t-elle ajouté.
La direction de la SNCF a présenté mardi en conseil d'administration son plan stratégique 2015, selon des sources concordantes.
Pour la branche voyages --une des cinq branches de la SNCF--, "la stratégie est très claire", selon Mme Dalibard.
Il s'agit d'un côté de développer des services supplémentaires, payés en plus du billet par le voyageur, sur le modèle des Services TGV lancés récemment et qui permettent par exemple de faire livrer ses bagages.
De l'autre, la SNCF pourrait donc développer un modèle low cost, dans la veine de ce qu'elle a déjà expérimenté avec les billets Prem's, les trains iDTGV ou encore les Téoz éco entre Paris et Toulouse lancés récemment.
"Prenons l'exemple de Téoz éco, dont on peut considérer qu'il est un modèle low cost. En fait, on fait circuler des rames, qui circulaient la nuit, de jour pour permettre à des clients à très bas coûts de circuler entre Paris et Toulouse. (...) C'est vers cela que nous orientons nos études", a expliqué la responsable de la branche voyages.
De manière générale, la SNCF veut "avoir une segmentation de son offre qui réponde aux besoins de tous", selon Mme Dalibard.
"Ils suivent l'évolution que les compagnies aériennes classiques sont en train de faire", concurrencées par les low cost, estime Arnaud de Blauwe, rédacteur en chef adjoint du magazine UFC-Que Choisir. "C'est aussi une réaction à la crise", selon lui.
D'autant que la SNCF, critiquée pour l'opacité de sa grille de tarifs, est sous pression, avec d'un côté la hausse du coût des péages dûs à Réseau ferré de France (RFF) et, de l'autre, la libéralisation du transport ferroviaire en Europe qui devrait conduire des concurrents de la compagnie française à faire rouler des trains dans l'Hexagone.
"Dans ce contexte, la SNCF veut montrer au grand public qu'elle peut apporter des prix cassés en période de crise et affronter les concurrents", selon Arnaud de Brauwe.
Mais "c'est essentiellement de la communication parce que le +low cost+ est un terme à la mode. C'est peut-être plus un rideau de fumée qu'une réalité, parce que la SNCF est tout sauf une entreprise low cost" et parce que rien ne dit que l'entreprise ne compensera des tarifs plus bas par d'autres augmentations, selon le responsable d'UFC-Que Choisir.
Autre hypothèse évoquée par la direction de la SNCF: changer les règles tarifaires aujourd'hui fixées par l'Etat, pour mieux répartir les voyageurs sur toutes les tranches horaires.
Pas question, en revanche, de toucher au nombre de places par train dévolues aux familles nombreuses, a déclaré Mme Dalibard, démentant une information du quotidien Les Echos.
"On n'a jamais envisagé de modifier les conditions de voyage pour les familles nombreuses", a-t-elle insisté.