La Banque centrale européenne s'est de nouveau posée en porte-drapeau de la zone euro jeudi, excluant l'hypothèse d'une rechute de son économie, soulignant l'utilité des tests de résistance en cours pour les banques et saluant même ses succès au Mondial-2010.
"J'ai déjà dit que l'on ne devrait pas sous-estimer l'Europe", a déclaré son président Jean-Claude Trichet lors de la conférence de presse mensuelle.
Certes, le Français était interrogé sur la performance des équipes du Vieux Continent à la Coupe du Monde de football en Afrique du Sud. Il a ajouté être "impressionné" de voir que parmi les quatre meilleures équipes, trois sont européennes, et appartiennent "d'ailleurs à la zone euro".
Mais sur les sujets économiques et financiers qui le concernent de plus près, le message se veut tout aussi encourageant.
Les craintes d'une nouvelle récession, qui se sont emparées des marchés ses dernières semaines, ne sont à ses yeux pas fondées dans les indicateurs.
"Nous prévoyons que l'économie de la zone euro va croître de façon modérée et toujours inégale, dans un environnement d'incertitudes élevées", a-t-il confirmé.
La poursuite de la croissance mondiale et ses effets positifs sur les exportations de la zone euro, conjuguée aux mesures d'aide de la BCE et des gouvernements pour restaurer le bon fonctionnement des marchés financiers devraient soutenir l'économie, selon lui.
A cet égard, il a souligné l'utilité des tests de résistance en cours pour 91 banques européennes, visant à éprouver leur capacité à surmonter des crises extrêmes. "Il est bon que les marchés financiers voient les résultats des tests. Cela va contribuer à rétablir la confiance", a-t-il jugé.
Leur publication le 23 juillet est très attendue. Mais déjà, les doutes sur leur crédibilité sont légion. Certains économistes estiment que le risque d'un "choc souverain", grave mouvement de défiance vis-à-vis de certains Etats de l'UE, n'était pas suffisamment pris en compte dans les tests pilotés par le Comité européen des superviseurs bancaires (CEBS).
L'idée des tests consiste à identifier les établissements réellement vulnérables, éviter donc que toutes les banques soient mises dans le même sac, et encourager un retour à la normale sur le marché interbancaire, où les établissements restent réticents à se prêter de l'argent.
Leur succès est crucial pour la BCE qui cherche à réduire la dépendance des banques envers elle, en allégeant progressivement la palette de ses mesures exceptionnelles. Les turbulences sur les marchés monétaire et obligataire ont jusqu'ici contrarié ses projets.
Jean-Claude Trichet a d'ailleurs réaffirmé que les banques pourraient continuer à emprunter autant de liquidités qu'elles le souhaitent auprès de la BCE au taux d'intérêt avantageux de 1%, laissé inchangé par le conseil des gouverneurs jeudi.
Evoquant le programme controversé d'achat d'obligations publiques entamé en mai pour aider les pays en détresse budgétaire, il a estimé que le besoin d'intervention par l'institution semblait "avoir progressivement diminué" et noté une "tendance pour le marché secondaire à fonctionner un peu mieux" ces derniers temps. Le marché commence peut-être à mieux intégrer les nouvelles positives de ces derniers mois, avance-t-il.
"Il semble que l'objectif principal de Trichet était de transmettre de la confiance", a réagi Carsten Brzeski, économiste chez ING, après la conférence de presse.
"L'avenir dira s'il s'agissait d'un voeu pieu ou d'une conviction profonde", ajoute-t-til.