Pôle emploi a dû "décaler des priorités" de la fusion ANPE-Assedic, voire renoncer à des choix initiaux "pas forcément bons" comme la polyvalence totale, à cause de la crise mais aussi de "calendriers impossibles" à tenir, a noté mercredi son directeur général Christian Charpy.
Sur fond de hausse massive du chômage, "on s'est concentrés tout au long de 2009 sur l'inscription et l'indemnisation et on a décalé un certain nombre de priorités parce qu'on avait trop de travail et parce qu'on avait fixé à Pôle emploi des objectifs de calendrier impossibles à atteindre", a-t-il expliqué lors des rencontres de la modernisation de l'Etat.
Il était demandé par exemple à Pôle emploi "de fusionner en l'espace de neuf mois toutes les anciennes agences ANPE (900) et antennes Assedic (600)", ce qui était "matériellement impossible", a rappelé M. Charpy, remarquant que le calendrier de fusion géographique des Direction générale des impôts et Direction générale des comptes publics avait été "un peu plus étendu".
"On a fait des sites mixtes (ex-ANPE avec ex-Assedic ndlr). On ne peut pas dire que c'est l'organisation définitive, il faudra deux à trois ans minimum pour régler l'ensemble des problèmes immobiliers", a-t-il ajouté lors d'une table-ronde sur "Pôle emploi à l'épreuve de la crise".
Quant à l'entretien unique d'inscription et à l'interlocuteur unique pour les chômeurs, qui étaient prévus "dans des délais très courts", Pôle emploi a renoncé "à l'expérience" à la polyvalence totale des salariés issus de l'ANPE (accompagnement) et des Assedic (indemnisation), a expliqué M. Charpy.
"A l'usage, on s'est rendu compte qu'un certain nombre de choix initiaux n'étaient pas forcément les bons", a-t-il ajouté, notant qu'"il n'y a pas un service public de l'emploi au monde fonctionnant avec une fusion totale des métiers", même pas en Grande-Bretagne ou en Allemagne, mais qu'"en France, l'idée a couru un moment qu'on était capable de tout faire".
"A l'expérience, on constate que la polyvalence est extrêmement difficile à acquérir", que "même si tous les agents sont extrêmement compétents (...) vous ne les rendez pas interchangeables" et qu'"il aurait fallu 20 jours de formation par agent pour plus de 40.000 agents", en pleine crise, a-t-il dit.
En revanche, a souligné M. Charpy, "il faut un socle de compétences quand les agents sont à l'accueil, au téléphone ou en agence, pour répondre à toutes les questions de premier niveau".