Le gouvernement roumain a subi un revers vendredi après l'invalidation d'une partie de son plan d'austérité par la Cour constitutionnelle, qui a entraîné le report du versement d'une nouvelle tranche, cruciale, de l'aide du Fonds monétaire international.
La Cour a considéré que la réduction de 15% des retraites prévue par le gouvernement de centre droit du Premier ministre Emil Boc jusqu'à fin 2010 était "inconstitutionnelle", acceptant ainsi une partie des objections soulevées par les partis d'opposition, sociaux-démocrates et libéraux.
Cette mesure, qui avait suscité une vive opposition dans un pays où les retraites moyennes tournent autour de 170 euros, était un des points clef d'un plan d'austérité défendu par le gouvernement afin de ramener le déficit public à 6,8% du produit intérieur brut.
Après des années de croissance, la Roumanie est plongée dans la récession depuis plus d'un an.
Etabli en accord avec le FMI et l'Union européenne (UE), le plan du gouvernement prévoyait également des coupes de 25% des salaires publics et de 15% de diverses allocations.
Même si ces mesures ont été validées, elles sont contenues dans la loi pour "rétablir l'équilibre budgétaire", et celle-ci ne peut pas être promulguée tant que les dispositions sur les retraites ne sont pas modifiées.
La Cour a rendu sa décision trois jours avant la date prévue pour un conseil d'administration du FMI qui devait donner le feu vert de l'organisation au versement d'une nouvelle tranche d'environ 900 millions d'euros dans le cadre d'un plan global d'aide de 20 milliards d'euros attribué à Bucarest au printemps 2009 pour faire face à la crise.
Dans un communiqué publié à Washington, le FMI a indiqué que cette réunion avait été repoussée sine die mais a dit être "certain" que la question serait rapidement présentée de nouveau au Conseil.
Avant même l'annonce du FMI, Nicolae Chidesciuc, économiste d'ING Roumanie avait estimé que l'arrêt de la Cour constitutionnelle était "négatif pour l'économie".
M. Boc a indiqué que le gouvernement avait préparé "une série de mesures alternatives dont [il était en train de discuter] avec le FMI, l'UE et la Banque mondiale". "Notre but est de garder l'accord avec le FMI", a-t-il ajouté.
Le FMI a noté l'importance des "mesures touchées" par la décision de la Cour mais a indiqué que les discussions sur les mesures de remplacement étaient "déjà bien engagées".
M. Boc a refusé d'indiquer si des hausses d'impôts et de la taxe sur la valeur ajoutée étaient envisagées. Tout comme le président Traian Basescu, il s'était vivement opposé à une relèvement de la fiscalité pour limiter le déficit budgétaire.
Toutefois, le vice-Premier ministre Marko Bela, membre du parti de la minorité hongroise UDMR, a estimé que, "sans préjuger des décisions finales", il n'existait "pas d'autres sources de revenus importantes que la hausse du taux d'imposition unique et de la TVA".
Les économistes s'attendent également à de telles mesures.
"Quoi qu'il arrive il faut des ajustements pour limiter le déficit", a déclaré à l'AFP l'analyste économique Aurelian Dochia, membre du conseil d'administration de la banque BRD (groupe Société générale)
"La hausse de la TVA est négative pour l'économie et la demande intérieure", a-t-il ajouté, "le pouvoir d'achat de tous les Roumains va être affecté".