La croissance française a été de seulement 0,1% au premier trimestre 2010, a confirmé vendredi l'Insee dans une nouvelle estimation, révisant toutefois à la hausse la progression du produit intérieur brut (PIB) du dernier trimestre 2009 à plus 0,6%.
Selon les dernières prévisions de l'Institut national de la Statistique et des Etudes économiques, l'économie française devrait bénéficier au deuxième trimestre d'un contexte porteur dans la zone euro avec un rebond de croissance de 0,5%.
La reprise se prolongerait ensuite "à petite vitesse", avec une hausse du PIB de l'ordre de 0,4% par trimestre au second semestre 2010.
Après une récession historique (moins 2,5% en 2009), la croissance resterait donc sur l'ensemble de 2010 "limitée" à 1,4%, une performance moindre que l'Allemagne, mais légèrement supérieure à la moyenne de la zone euro.
Une croissance de 1,4% en 2010, conforme aux prévisions des principales organisations internationales (Commission européenne, FMI, OCDE) "serait juste suffisante à une stabilisation du chômage" à son niveau actuel, de l'ordre de 9,5% de la population active en France métropolitaine, selon l'Insee.
La consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance française, continuerait en effet à tourner au ralenti cette année.
Au premier trimestre, les dépenses de consommation des ménages sont restées stables, alors qu'elles avaient progressé de un pour cent au quatrième trimestre 2009.
"Rien d?étonnant à cela : la prime à la casse n?est plus que l?ombre de ce qu?elle était en fin d?année dernière, le chômage continue sa course en avant et l?inflation progresse petit à petit", relève l'économiste Alexander Law, qui tire "la sonnette d'alarme".
"La sanction est implacable : le pouvoir d?achat a reculé de 0,1% au premier trimestre malgré l?accélération de la masse salariale", ajoute-t-il.
Autre pilier de la croissance, l'investissement a encore reculé sur les trois premiers mois de l'année (moins 0,9% après moins 1,1%).
La demande intérieure aura donc au total amputé de 0,2 point de pourcentage la croissance française, sauvée par un commerce extérieur qui y a contribué à hauteur de 0,4 point.
"Le message est clair : les ménages sont à bout de souffle, les entreprises n?y arrivent plus et les dépenses et investissements publics sont sur la mauvaise pente", résume M. Law.
L'économiste note en effet que les dépenses des administrations publiques stagnent et que leurs investissements sont en baisse pour le troisième trimestre consécutif. "Autant dire qu?à ce niveau-là, le plan de relance n?est pas encore visible ... au moment même où on nous promet des coupes claires dans les dépenses", s'inquiète-t-il.
"Un tournant de la rigueur trop brutal pourrait anéantir les espoirs de croissance pour un bon moment", avertit Alexander Law.